Eh bien ça y est. Nous nous lançons. Nous sautons le pas. Après plusieurs décennies d'articles et de livres consacrés à ce genre musical, nous dévoilons donc les cent albums de rap (et apparenté) que Fake For Real souhaite retenir de l'épopée très longue et très compliquée du rap. Ce qui, on en convient, est une entreprise éminemment casse-gueule.
Pourquoi seulement cent, alors que la culture hip-hop dans son ensemble a donné naissance à 500, 1000, voire 5000 classiques, selon la façon dont on définit ce que ce mot, "classique", veut dire, selon la hauteur où l'on place la barre ? Eh bien, parce qu'il faut bien faire un choix. Parce qu'il faut être courageux. Parce qu'il faut toujours satisfaire l'appétit du néophyte qui vous demandera dix ou cent suggestions pour commencer. Quitte à ne pas s'y reconnaître soi-même.
D'ailleurs, in fine, nous ne nous y retrouvons pas.
Fake For Real a souvent exploré les tréfonds de l'underground. Nous avons même dédié un gros livre au mouvement rap indépendant. Et pourtant, la sélection ci-dessous n'est pas spécialement pointue. Mis de côté une poignée de chouchous, elle n'est pas polémique. Parce qu'au bout du compte, quand un artiste est bon, et qu'il est assez connu pour avoir les moyens de ses ambitions, il a toutes les chances de faire un bon album. Les trésors cachés, ça existe, mais ils seraient plus visibles dans un top 200 ou 500.
Fake For Real n'aime pas ce purisme nostalgique, puissant en France, qui soutient que le meilleur du rap serait apparu sur la Côte Est, entre la fin des années 1980 et celle de la décennie 90. Cependant, c'est bel et bien le rap new-yorkais de cette époque qui, bon an mal an, s'arroge ici la part du lion.
Fake For Real a dédié un autre ouvrage aux femmes dans le rap, mais une seule est retenue ici. Il faut bien être honnête, et les quotas desservent la cause qu'ils sont censés défendre.
En résumé, la sélection ci-dessous est attendue. Elle l'est parce qu'elle a été faite de tête et que, spontanément, ce sont les albums les plus illustres qui viennent à l'esprit. Ce sont ceux qui ont été panthéonisés, ceux qui sont fermement incrits dans la mémoire collective. Cette mémoire, cependant, évolue. Cette liste, en conséquence, bougera encore. Elle est et sera un éternel work-in-progress, sans arrêt mis à jour avec des nouveautés, avec des découvertes et des redécouvertes.
Elle pourra s'enrichir aussi de vos propres choix et commentaires, dont vous pouvez faire part au bas de ce long article.
PS : notez que plusieurs liens renvoient à des critiques très anciennes. Elles pourront donc parfois paraître datées.
03 GREEDO - The Wolf Of Grape Street (2018)
03 Greedo, dont le style rude et mélancolique doit autant à la tradition locale qu'à ses séjours dans le Sud, est à la fin des années 2010 une figure de la nouvelle génération de Los Angeles. 2018 est sa grande année. Juste avant de rejoindre la prison, il sort l'album God Level, mais aussi The Wolf Of Grape Street, une mixtape compilatoire qui rassemble certains de ses meilleurs titres.
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50 CENT & G-UNIT - 50 Cent Is The Future (2002)
Le succès de 50 Cent ne sort pas de nulle part, il est bien préparé. Un an avant son album événement, sort en effet cette mixtape, qui bien vite s'impose dans le New York de l'été 2002, avec ce rappeur, secondé par ses acolytes de la G-Unit, qui transcende les morceaux des autres. Elle confirme que 50 Cent est alors bel et bien le futur, et avec lui ce nouvel usage du format mixtape.
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50 CENT - Get Rich Or Die Tryin' (2003)
En 2003, l'immense triomphe critique et commercial de cet album de 50 Cent édicte pour longtemps à quoi devra ressembler un blockbuster de rap. Son succès, désormais, devra être soigneusement préparé par des mixtapes. Sa musique sera œcuménique et transrégionale, elle empruntera des formules à toutes les scènes des Etats-Unis. Et elle sera irrémédiablement gangsta.
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ABN - It Is What It Is (2008)
Bien avant de se taper dessus, les soi-disant cousins Trae et Z-Ro ont sorti des albums en duo. Ce second travail en commun, notamment, est une perle. Les deux rappeurs de Houston y déploient à plein régime leurs contes de la criminalité ordinaire, avec insolence, orgueil et éclat, même si à travers leurs voix chaudes et leurs sons mélodiques, transparait un soupçon de mélancolie.
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ALL STAR (STARLITO) - Starlito's Way 2 (2008)
Après avoir côtoyé les plus grands, Lil Wayne en premier lieu, All Star change de voie. Tel le héros de Carlito’s Way (L'impasse), un gangster qui cherche à se ranger, il abandonne son rap clinquant. Sur ce double-album admirable, l'homme de Nashville se met à parler d'abandon, de rancœur et de dépit. Il devient Starlito, l'un des rappeurs les plus respectés des années à venir.
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ALLEY BOY - War Cry (2013)
Moins exposés que d'autres, les rappeurs du collectif d'Atlanta Duct Tape ont pourtant incarné le meilleur de la trap music au début des années 2010. Ils ont délivré quelques-uns de ses hymnes les plus sauvages et les plus habités, comme avec ce long cri de guerre qu'est ce quasi-album que leur tête de file, Alley Boy, qu'il délivre avec la participation de plusieurs grands du rap.
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ANTIPOP CONSORTIUM - Tragic Epilogue (2000)
En l'an 2000, certains voient en Antipop Consortium le futur. Et ils ont tort. Issu du Nuyorican Café et du mouvement Rap Meets Poetry, le trio new-yorkais réinvestit en vérité le passé. Sur ce premier album, il prolonge avec brio ces années 80 où, à Downton Manhattan, des esthètes de tous horizons mélangeaient au rap naissant les expérimentations du jazz et les nouveaux sons électroniques.
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ERIC B. & RAKIM - Paid In Full (1987)
"I ain't no joke", dit alors Rakim. Je ne suis pas une blague. En effet, on ne rigole plus avec lui et Eric B. Bien au contraire, on passe aux choses sérieuses avec ce rap extraordinairement virtuose, d'où se dégage malgré tout une impression de grande facilité. Malgré le côté do-it-yourself du son, le rappeur est évident de technique, de classe, de pose, de style. Il est le rap à l'état pur.
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B.G. KNOCC OUT & DRESTA - Real Brothas (1995)
En 1995, B.G. Knocc Out et Dresta, deux protégés de feu Eazy-E, ne renouvellent en rien la formule rap californienne. Mais avec leur rudesse de thugs, leur manière de partager un art de vivre gangsta, leur musique ensoleillée et leurs synthétiseurs généreux, ces demi-frères issus bien sûr de Compton nous offrent une déclinaison aboutie du g-funk, ils en délivrent l'archétype même.
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BANKROLL FRESH - Life Of A Hot Boy (2014)
Bankroll Fresh aurait pu rester un second couteau de la trap music d'Atlanta. Mais en ce milieu des années 2010, il est en feu, notamment sur cette mixtape où se manifeste l'influence de Cash Money. Malheureusement, comme avec certains de ses pairs, la carrière du rappeur sera abrégée par son assassinat deux ans après, au moment même où elle était la plus faste et prometteuse.
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BEASTIE BOYS - Check Your Head (1992)
Avec leur premier album, Licensed to Ill, les Beastie Boys ont été plus détonnants. Avec le second, Paul's Boutique, ils ont été plus arty. Le troisième, cependant, est celui où ils se trouvent enfin. En renouant avec de "vrais instruments", en jouant d'une musique diverse parsemée d'un vieux funk rétro, le trio renoue bientôt avec le succès et se trouve une place dans la nouvelle décennie.
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BIRDMAN & LIL WAYNE - Like Father, Like Son (2006)
Au milieu des années 2000, Lil Wayne est en feu. Il le démontre partout, sur album, sur mixtape et par ses participations aux titres des autres. Et il le prouve aussi sur ce projet avec son mentor et père de substitution. Ensemble, avec leur posture de mafieux d'opérette, les deux hommes de La Nouvelle-Orléans délivrent le numéro qu'ils maîtrisent le mieux, et ils enchaînent les tubes.
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BLACK MOON - Enta Da Stage (1993)
Enta Da Stage est l'un des albums prodigieux qui, en 1993-94, a ramené le rap chez lui, à New-York. Pour cela, Black Moon est revenu à la formule de Boogie Down Productions, à son rap hardcore parfois mâtiné d'accents jamaïcains, que les Beatminerz ont amélioré avec les moyens supérieurs et la production de l'époque sur ce premier et meilleur album du Boot Camp Click.
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BLACKALICIOUS - Nia (1999)
Là-bas, en Californie du Nord, c'est une école de rap particulièrement truculente et créative qui s'est développée autour de DJ Shadow et du label Solesides. En 1999, avec l'inventif Nia, le duo Blackalicious sort l'un des grands albums de cette écurie. The Gift of Gab et Chief Xcel délivrent alors un rap sampladélique et bon esprit, plaisamment à rebours des tendances de l'époque.
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THA BLUE HERB - Stilling, Still Dreaming (1998)
Tout là-bas, au Japon, sur l'île nordique d'Hokkaido, à l'écart des grands centres de cette culture, le rappeur Ill-Bosstino et le producteur O.N.O. ont créé leur version du hip-hop. Dès cet album, ils maîtrisent cette musique faite de longues déclamations hors rythme et de compositions tout en ambiances. Et il n'est pas besoin de comprendre la langue pour reconnaître que c'est superbe.
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CAPONE-N-NOREAGA - The War Report (1997)
Avec Tragedy Khadafi, anciennement Intelligent Hoodlum, Capone et Noreaga décrivent la jungle urbaine comme une zone de guerre. Le duo du Queens adopte alors une imagerie martiale et militaire, avec les treillis, les outrages, les rythmes lourds et la musique cinématique qui vont bien, et il sort l'un des derniers grands albums du rap de rue new-yorkais du milieu des années 90.
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CESCHI - The One Man Band Broke up (2010)
Dix ans après le mouvement rap underground de la fin de la décennie 90, l'un de ses derniers porte-drapeaux, Ceschi Ramos, brosse un portrait désabusé de ses échecs et de ses artistes maudits. Le propos est parfois candide, mais la musique, conçue avec l'Allemand DJ Scientist et nourrie par les influences musicales très diverses du rappeur, se montre souvent formidable.
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CLIPSE - Hell Hath No Fury (2006)
Quatre années après leur premier album, au terme de conflits avec leur label, les frères Thornton lui proposent finalement un successeur. Et l'attente en valait la peine. Ils délivrent alors un bijou dans leur registre de prédilection, le cocaine rap, serti dans un boom bap bizarre et inspiré produit de main de maître par Pharrell Williams, leur compère habituel des Neptunes.
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COMMON - Be (2005)
Son désir d'éclectisme musical, ses envies d'inscrire son rap dans la noble tradition des musiques et des luttes afro-américaines, Common les assouvit avec succès sur Be, un album à l'image de son titre : concis et essentiel. Et pour parvenir à ses fins, il s'associe à un producteur issu comme lui de Chicago, un Kanye West qui traverse alors quelques-unes de ses meilleures années.
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COMPANY FLOW - Funcrusher Plus (1997)
Au milieu des années 90, la conquête par le rap du grand public engendre mécaniquement son contraire : la création d'une scène farouchement indépendante, qui défend une esthétique pure et une posture expérimentale sans concession. Le groupe qui est alors le héraut de cet underground, celui qui délivre son chef d'œuvre avec cet album rude mais fascinant, c'est Company Flow.
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CYPRESS HILL - Cypress Hill (1991)
Dans les années 90, Cypress Hill détonne pour au moins trois raisons : parce qu'ils seront les premiers Latinos stars du rap, par leurs affinités avec le rock et pour leur militantisme marqué en faveur de la marijuana. Tout cela sera amplifié plus tard dans leur carrière, leur premier album a encore le caractère endiablé et sautillant du rap d'avant. Il demeure cependant leur meilleur.
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THE D.O.C. - No One Can Do It Better (1989)
A la fin des années 80, en Californie, il y a bien sûr la déflagration N.W.A. Straight Outta Compton sera le manifeste de ces gens, leur album historique. Mais il ne sera pas forcément leur meilleur. Produit de main de maître par Dr. Dre, celui de leur ghostwriter The D.O.C. est moins original, et n'a pas grand-chose de gangsta. Mais il est sans tache ni temps mort. Il est irréprochable.
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DE LA SOUL - 3 Feet High & Rising (1989)
En cette fin des années 80 qualifiée de Golden Age, le rap se diversifie à toute allure, il ne cesse d'inventer de nouveaux styles. Alors qu'une portion du genre devient plus noire et agressive, De La Soul, au contraire, joue aux adolescents facétieux avec une bonne dose d'humour et d'ironie, des thèmes inhabituels, cent idées à la seconde et l'intense jeu de samples de Prince Paul.
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DR. DRE - The Chronic (1992)
En 1992, on change d'ère. A l'époque des hommes noirs en colères, succède celle des gangsters hédonistes, adeptes d'un nouvel art de vivre américain fait de drogue, de sexe, de décapotables, de soleil californien et d'une musique mélodique et très séductrice. On se dispute encore pour savoir qui a inventé le g-funk, mais pour sûr, c'est Dr. Dre qui le fait entrer dans tous les foyers.
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DR. OCTAGON - Dr. Octagonecologyst (1996)
Pour la première fois, mais sûrement pas la dernière, Kool Keith se réinvente. L'ancien Ultramagnetic MC s'imagine en gynécologue extra-terrestre tueur, et il rassemble une dream team de nouveaux DJs et producteurs, issus de sa ville de New-York, mais aussi de la Baie de San Francisco, pour concevoir une oeuvre singulière, un album psychédélique et détraqué de rap du futur.
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EMINEM - The Marshall Mathers LP (2000)
Sur son second album avec Dr. Dre, Eminem troque l'un de ses pseudonymes, The Slim Shady, pour son véritable nom. C'est un disque aussi composite que le premier, et qui ne renonce pas à ses provocations white trash comme avec le violent "Kim", mais avec des moments un peu plus intimes et introspectifs, et pour point d'orgue "Stan", l'un de ses singles les plus emblématiques.
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FREESTYLE FELLOWSHIP - To Whom It May Concern (1991)
Distingué trente ans plus tard par une nomination aux Grammy Awards, c'est en quelques centaines d'exemplaires seulement que sort le premier Freestyle Fellowship. Et pour cause, il est à rebours du rap californien d'alors avec sa suite de titres originaux, conçus par des improvisateurs d'exception avec l'inventivité de jazzmen d'un nouveau type. L'album culte par excellence.
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FREESTYLE FELLOWSHIP - Innercity Griots (1993)
Deux années après leur premier album, les Freestyle Fellowship en sortent un autre, plus professionnel et nettement mieux distribué. C'est alors une occasion pour ceux, nombreux, qui ont manqué les premiers épisodes, de découvrir la créativité folle des Californiens, la diversité incomparable de ces rappeurs et improvisateurs formés aux sessions open mic du Good Life Café.
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FUTURE & THE EMPIRE - True Story (2011)
Avec Future, comme avec tant d'autres à l'époque, on manque la moitié de l'histoire si on ne s'intéresse qu'aux albums. Les grands moments de sa carrière, c'est aussi sur mixtapes qu'ils ont eu lieu. Dès 2011, ce sont des sorties telles que True Story qui révèlent sa trap music chargée d'émotions, et qui montrent que le rappeur a été bien nommé, qu'il annonce bel et bien l'avenir.
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FUTURE - Pluto (2012)
Des albums du rappeur d'Atlanta seront aimés davantage par la critique que celui-ci, notamment DS2. Le futur, pourtant, survient dès 2012. Il arrive dès ce premier opus, celui de "Tony Montana" et de "Turn On The Lights", où les excès de la trap music se mêlent à la mélancolie de l'Auto-Tune, où cette nouvelle musique de drogué dévoile un type inédit de thug sensible.
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THE GAME - The Documentary (2005)
Après plusieurs décennies d'existence, le rap se mord la queue, il commence à rejouer ses vieux mythes. The Game en est l'exemple même. Il est la groupie numéro un, celle qui cite ses idôles à tour de bras. Il n'a qu'une obsession, chanter la légende du rap dans l'espoir de la rejoindre à son tour. Et le comble, c'est qu'il parvient à ses fins sur ce blockbuster plein de grands moments.
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KEVIN GATES - The Luca Brasi Story (2013)
Déjà bien installé sur la scène rap de Baton Rouge, l'ancien KVN Gates passe un cap en 2013. Via le label Bread Winners' Association fondé avec sa femme et manager Dreka, il sort cette mixtape historique où, s'identifiant à l'homme de main du Parrain, il ouvre son cœur et il joue la carte de la mélodie, apportant une pierre décisive au registre alors de mise du gangster qui saigne.
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GENIUS / GZA - Liquid Swords (1995)
Ils l'évoquent sur le morceau "Labels" : les cousins RZA et GZA avaient des comptes à régler avec leurs anciennes maisons de disque. Et ils l'ont fait de façon grandiose, avec l'épopée du Wu-Tang Clan. Ils les ont soldés de la plus belle des manières avec ce disque en commun, un grand chef d'oeuvre du rap, où la posture sérieuse de l'un se cale parfaitement aux sons bizarres de l'autre.
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GHOSTFACE KILLAH - Ironman (1996)
C'est le dernier de la grande série d'albums solos sortie par le Wu-Tang Clan au milieu des années 90. Et c'est moins un manifeste que les autres. Mise à part une saveur soul plus marquée, son identité est moins affirmée. Ghostface Killah n'est pas encore à son apogée, cela viendra plus tard avec Supreme Clientele. Ironman, néanmoins, est comme tous ses précédesseurs : un classique.
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GHOSTFACE KILLAH - Supreme Clientele (2000)
En l'an 2000, le Wu-Tang Clan, c'est déjà de l'histoire ancienne. Aux yeux de beaucoup, le feu sacré les a quittés. Mais c'est sans compter sur Ghostface Killah, qui délivre sur le tard un autre grand classique du collectif. Trois titres seulement sont produits par RZA, et pourtant, cet album au son ample, imprégné de soul et sublimé par des raps habités, est plus Wu-Tang que jamais.
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FREDDIE GIBBS - Midwestgangstaboxframecadillacmuzik (2009)
Bien avant la reconnaissance critique facilitée par sa collaboration avec Madlib, avant même la période où il est le protégé de Jeezy, Freddie Gibbs connaît une période faste avec ses mixtapes de 2009. Celle-ci, notamment, compile avec réussite tout ce qui promet son long titre : le rappeur du Midwest y rénove le gangsta rap à l'ancienne, mais avec un certain tropisme sudiste.
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THE GOATS - Tricks Of The Shade (1992)
Les Philadelphiens de The Goats, c'est un peu le mélange réussi de tout ce qu'il y a de mieux dans le rap du début des années 90 : l'engagement politique brutal de Public Enemy, la fantaisie des Native Tongues et l'éclectisme des Beastie Boys. Tout cela est réuni sur ce premier album prisé alors par la critique, mais auquel le trio peinera à apporter une suite aussi satisfaisante.
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GOODIE MOB - Soul Food (1995)
Un titre de cet album, "Dirty South", finira par désigner l'ensemble des nouvelles scènes rap qui émergeront bientôt du Sud des Etats-Unis. Et pour cause, il est l'un des premiers grands chefs d'œuvre à venir de là-bas. Il n'y a pourtant pas grand-chose de "dirty" chez Goodie Mob, dont les élans spirituels et la musique organique sont en quelque sorte une continuation du label Stax.
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GRAVEDIGGAZ - 6 Feet Deep / Niggamortis (1994)
Quatre artistes éjectés du label Tommy Boy, dont deux producteurs légendaires, répondent par l'ironie. Ils sortent un album qui pousse à l'excès les tendances les plus mortifères d'un hip-hop alors de plus en plus sombre et violent. Avec leurs penchants meurtriers et leurs pensées suicidaires, les Gravediggaz popularisent un sous-genre, l'horrorcore, dont ils sont pourtant la parodie.
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GUCCI MANE & DJ BURN ONE - Chicken Talk (2006)
La mère de toutes les mixtapes. Chicken Talk, en effet, est délivré dans le format que Gucci Mane privilégiera, celui aussi où il excellera. Avec cette sortie, il établit sa formule, celle d'une trap music absurde et ironique qui préfère souvent les mélodies indolentes aux sons scintillants. Une formule éminemment influente pour tout un pan du rap des années et des décennies à venir.
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GUCCI MANE & DJ DRAMA - The Movie (2008)
En 2008, le rappeur à mixtapes par excellence collabore avec le DJ à mixtapes par excellence. Et bien évidemment, cette sortie aboutit à un classique de la série Gangsta Grillz. Articulée plus ou moins autour du thème des stars et du cinéma, faite d'égo-trips si délirants qu'ils frisent l'abstraction, elle marque l'entrée de Gucci Mane dans ses années les plus folles et les plus inspirées.
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GUCCI MANE & DJ HOLIDAY - Writing On The Wall (2009)
Le nom de cette grande mixtape y fait allusion : Gucci Mane sort encore de prison quand il délivre celle-ci. C'est alors la période la plus faste pour le rappeur d'Atlanta, celle où, entre 2008 et 2010, il sort ses meilleurs projets, contribuant à façonner le rap du futur, celui de cette décennie 2010 indubitablement marquée par sa déclinaison grotesque et humoristique de la trap music.
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LAURYN HILL - The Miseducation Of Lauryn Hill (1998)
Avec son album solo, Lauryn Hill perfectionne la formule qui a apporté à son ancien groupe, les Fugees, un succès considérable. Elle transforme le rap en une variété internationale où se concentre plusieurs décennies de musiques noires, soul, reggae, ou doo wop. Elle devient sa grande diva, et concentre si bien son talent dans cette œuvre, qu'il n'y aura plus besoin d'aucune autre.
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JAY-Z - Reasonable Doubt (1996)
Le premier album de Jay-Z n'est pas encore celui d'une superstar, mais il est déjà un classique. En parfait connaisseur des rouages du rap, accompagné des sons et des invités idoines, il offre alors ce qu'ils attendent aux puristes du hip-hop new-yorkais : un grand disque de mafioso rap, où il s'inspire de son expérience de petit dealer pour mieux se dépeindre en parrain magnifique.
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JAY-Z - The Blueprint (2001)
Le Jay-Z classique, le plus dominateur, celui qui est à son apogée, c'est celui de The Blueprint. Le New-Yorkais se montre alors tel quel, étincelant, orgueilleux, triomphant, sur un album qu'il délivre presque sans invité, mais avec le renfort des producteurs Kanye West, Just Blaze et Bink, Même la tragédie du 11 septembre, survenu le jour où sort l'album, n'arrêtera pas le rappeur.
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JERU THE DAMAJA - The Sun Rises In The East (1994)
Le titre annonce clairement l'objet de l'album. Avec The Sun Rises In The East, Jeru the Damaja entreprend de ramener le rap à la maison, à New-York. Sans nommer les concurrents californiens, il prend leur contrepied avec un style qui se veut réfléchi et "lyrical", avec aussi les beats d'exception d'un DJ Premier au sommet de son art. Le clacissisme East Coast dans toute sa splendeur.
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KILLER MIKE - I Pledge Allegiance To The Grind II (2008)
Killer Mike invite Ice Cube sur cet album. Et c'est logique, car il en est le plus digne héritier. Comme lui, il transforme le voyou afro-américain en figure politique. Avec fureur, conviction et éloquence, ce rappeur possédé en fait l'ennemi de l'Amérique blanche. Mais dans un tout autre contexte, celui du rap sudiste, dont cet ancien protégé d'Outkast est aussi un fier représentant.
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KILLER MIKE - R.A.P. Music (2012)
En 1990, Ice Cube sort Amerikka's Most Wanted, un album qui, à la virulence de l'ancien N.W.A., ajoute les sons traumatisants du Bomb Squad. Vingt années plus tard, R.A.P. Music adopte avec succès la même démarche. Ce sont encore deux mondes qui se retrouvent dans cette association entre Killer Mike et El-P, avec les mêmes sons brutaux et le même propos politique.
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LIL BOOSIE - Superbad: The Return Of Mr. Wipe Me Down (2009)
Quand il sortira de prison au milieu des années 2010, Boosie aura peu ou prou la reconnaissance qu'il mérite, celle due à l'un des rappeurs les plus influents de l'histoire. Mais pour saisir vraiment la raison d'un seul statut, il faut revenir à ces mixtapes en pagaille sorties avant, notamment celle-ci où, au-dessus des titres endiablés, affleurent la mélancolie et le commentaire social.
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LIL DURK - Signed To The Streets (2013)
Un an après l'explosion au grand jour de la drill music avec Chief Keef, ce sous-genre rude issu de Chicago montre déjà un nouveau visage avec cette mixtape capitale de Lil Durk. La rue est toujours aussi cruelle, mais en plus de la brutalité de ses rappeurs, c'est leur mélancolie qu'on entend ici, à travers l'usage qui est fait de l'Auto-Tune et d'ambiances parfois plus atmosphériques.
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LIL WAYNE - Tha Carter II (2005)
Le deuxième volet de la série Tha Carter, c'est celui de l'affirmation, de la confirmation et de l'émancipation pour Lil Wayne. Celui où, affranchi de la musique de Mannie Fresh, il explose les formules et les formats, celui où il s'impose, non plus comme une figure du Sud et de La Nouvelle Orléans, mais comme une star du rap. Il est celui où le petit Dwayne Carter devient grand.
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MAD SKILLZ - From Where??? (1996)
Il y a les anecdotes : le fait que cet album s'affiche comme venant de ce nulle part du rap qu'est encore la Virginie ; celui que, logiquement vu que Mad Skillz a aussi vécu de Detroit, y participe un J Dilla alors méconnu. Et puis il y a l'essentiel, à savoir que From Where???, sorti par un rappeur battle et produit de main de maître à la façon new-yorkaise, est un grand disque dans ce style.
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MAIN SOURCE - Breaking Atoms (1991)
Cet album n'a pas connu le succès mérité, et pourtant, il est fondamental. Pas simplement pour les anecdotes (la participation d'un Nas alors débutant, celle de Pete Rock aussi), mais surtout pour le travail remarquable opéré par Large Professor, lequel, accompagné des jumeaux canadiens K-Cut et Sir Scratch, contribue à faire entrer la production rap dans la nouvelle décennie.
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MASTA ACE INCORPORATED - Slaughtahouse (1993)
Apparu auprès de Marley Marl et de son Juice Crew, Masta Ace est resté alerte et pertinent sur plusieurs décennies. Mais le sommet de sa carrière, c'est sans doute Slaughtahouse, un album où, accompagné du groupe Masta Ace Incorporated, le New-Yorkais se met à jour des sons de l'époque, tout en se moquant du slaughterhouse, cet abattoir qu'est devenu le rap à l'ère gangsta.
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MF DOOM - Operation Doomsday (1999)
La plus belle renaissance de l'histoire du rap. Peu après la mort de son frère DJ Subroc et la fin de leur groupe KMD, Zev Love X change d'identité et, sous les traits d'un héros de comics, il sort dans l'underground des singles d'anthologie. Ces derniers sont rassemblés sur le grand Operation Doomsday, et à leur suite, MF Doom deviendra l'une des figures les plus respectées du rap.
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MOBB DEEP - The Infamous (1995)
Un rap uniformément sombre, glauque, poisseux et pessimiste, qui dépeint une jungle urbaine dépourvue d'issue. Et pour l'accompagner, des boucles sinistres faites de pianos lugubres, de percussions lourdes et de basses étouffantes. Le rap de rue new-yorkais dans toute sa splendeur. Et puis aussi, pour la petite histoire, une immense influence pour le rap français des années à venir.
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NAS - Illmatic (1994)
L'album qui arrive au bon endroit, au bon moment, en plein cœur de la renaissance rap new-yorkaise. Un disque, aussi, qui a le mérite d'être idéalement concis, et de se limiter à des morceaux de qualité exceptionnelle. Celui d'un jeune prodige épaulé par ce qui est alors la crème de la production des lieux. Et donc, en conséquence, l'une des œuvres les célébrées de l'histoire du rap.
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THE NOTORIOUS B.I.G. - Ready To Die (1994)
D'autres albums ont marqué la renaissance rap new-yorkaise des années 93-94, mais celui-ci lui a donné une star. Avec cet album accrocheur et varié, qui empiète parfois sur le registre des Californiens, s'impose la voix d'ours charismatique de Biggie. Avec lui s'ouvre le principal volet d'une existence tragique, dont la fin dramatique est annoncée par un titre prémonitoire.
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THE NOTORIOUS B.I.G - Life After Death (1997)
Après s'être dit prêt à mourir, Notorious B.I.G., désormais assassiné, délivre un disque après sa mort. Tout cela est d'autant plus terrible que ce double-album dévoile un rappeur fauché au sommet de son art, et capable d'allier comme nul autre la noirceur et la rudesse du rap hardcore new-yorkais aux couleurs chamarrées de la pop.
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OL' DIRTY BASTARD - Return To The 36 Chambers (1995)
Des sons maigres, faméliques et bancals, surmontés des élucubrations d'un grand fou du rap, d'un vrai gamin du ghetto élevé par l'assistance publique, et dont la vie chaotique finira trop tôt. Voici néanmoins un garçon qui, star improbable, se produira bientôt avec Mariah Carey. Voilà pourtant le classique le plus invraisemblable proposé par le Wu-Tang en cette folle année 95.
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OMID - Beneath The Surface (1998)
En 1995, la scène issue du Good Life Café se dévoile à travers une compilation historique, celle du Project Blowed. Trois ans plus tard, Beneath The Surface ressemble à une suite. Mais en plus de Freestyle Fellowship, s'y présente toute une nouvelle génération de ce très créatif underground californien, et la production inspirée d'Omid en fait une œuvre particulièrement aboutie.
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ORGANIZED KONFUSION - Organized Konfusion (1991)
Dès leur premier album, avec leurs paroles alambiquées et leurs phrasés affutés, Pharoahe Monch et Prince Poetry forment le duo culte par excellence. Ils seront des héros underground. Mais si leur rap sophistiqué et intello est leur premier atout, ils n'en ont pas moins délivré une musique tranchante, directe et viscérale, qui mérite d'être appréciée bien au-delà du cercle des puristes.
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ORGANIZED KONFUSION - Stress: The Extinction Agenda (1994)
Sur son second album, le duo Organized Konfusion se met à jour en injectant dans son rap un peu des sons belliqueux et de l'humeur martiale du Boot Camp Click. Il y a des tubes, sur Stress: The Extinction Agenda, même si Prince Poetry et Pharoahe Monch demeurent ces rappeurs virtuoses et sophistiqués qui préfigurent le mouvement hip-hop underground à venir.
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OUTKAST - ATLiens (1996)
L'album sérieux d'Outkast, celui de la maturité. Avec ATLiens, le duo met entre parenthèses son numéro de playas et son éclectisme, pour des compositions plus étranges et posées, pour des paroles plus profondes. L'un des groupes emblématiques du Sud s'impose comme l'un des plus arty du rap. D'autres classiques suivront, mais peu seront aussi compacts et homogènes.
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OUTKAST - Aquemini (1998)
Le troisième album d'Outkast est aussi génial que le précédent, mais en plus il en diversifie le son. Il l'étoffe, avec une exubérance, des ambitions et un éclectisme stylistique qui ne cesseront jamais de grandir avec Dré et Big Boi. Quelle que soit sa région préférée des Etats-Unis, que l'on préfère le rap grand public ou l'underground, personne ne peut résister au duo d'Atlanta en 1998.
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OUTKAST - Stankonia (2000)
L'éclectisme de Aquemini était déjà sidérant. Mais qu'à cela ne tienne, avec l'album suivant, André 3000 et Big Boi vont plus loin encore. Stankonia est époustouflant. Il est l'assemblage éclectique de toutes les tendances de la Black Music, réhaussé par des guitares rock et l'influence de la rave culture. C'est invraissemblable, et pourtant ça tient superbement la route. Magistral.
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OUTKAST - Speakerboxxx / The Love Below (2003)
Aux rumeurs de rupture, Outkast répond par un double-album fait de deux solos. Et ces derniers sont aussi inventifs et exubérants que leurs prédécesseurs. Il y a alors bien longtemps que les fans de hip-hop ne sont plus à convaincre. Mais à ce moment précis, avec des tubes tels que "Hey Ya!", le duo est bien plus qu'un grand groupe de rap : il est devenu un grand groupe populaire.
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PAYROLL GIOVANNI - Stack Season (2015)
Au sein des Doughboyz Cashout, collectif phare de la scène de Detroit alors mis en avant par Young Jeezy, Payroll Giovanni est le plus talentueux. Le rappeur et producteur le démontre au milieu de la décennie 2010 avec ce long album de haut vol qu'il dédie au "stack", à l'argent, offrant un classique à l'une des scènes rap les plus exaltantes des années à venir, celle du Michigan.
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THE PHARCYDE - Bizarre Ride II The Pharcyde (1992)
L'autre rap de Los Angeles. Le plus drôle, le plus fantaisiste, le plus luxuriant. Celui qui ne se prend pas au sérieux. Celui qui pratique l'autodérision, qui nous raconte les mésaventures piteuses d'amoureux éconduits et qui s'engage dans d'hilarants concours d'insultes, avec des flows fantasques et jaillissants. Voilà ce que représentent les gens de Pharcyde avec leur premier album.
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PUBLIC ENEMY - It Takes A Nation Of Millions To Hold Us Back (1988)
Pour beaucoup, c'est de la préhistoire. Mais à la fin des années 80, le rap c'est Public Enemy. La musique anodine et festive se change alors en furie militante d'une virulence incroyable. Les sonorités funky et bon enfant laissent la place à la production cacophonique et bruitiste du Bomb Squad. C'est de l'art, c'est de la politique. C'est tout ce qu'il faut pour que le rap soit pris au sérieux.
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QWEL & MAKER - The Harvest (2004)
Dans les années 2000, au sein de l'underground hip-hop de Chicago, ils sont parmi les meilleurs dans leurs disciplines. Alors que Qwel est un rappeur intense et habité, formé à l'école des battles et du freestyle, Maker est un virtuose de la boucle. Ensemble, ils vont écrire quelques belles pages de rap, à commencer par ce classique méconnu qu'est leur premier album commun.
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RAEKWON - Only Built 4 Cuban Linx (1995)
Encore un album solo sorti par le Wu-Tang Clan en 1995, et encore une réinvention du genre, avec son rap de mafioso certes pas tout à fait neuf, mais qui, avec Raekwon, Ghostface Killah et la musique moins guerrière délivrée cette fois par RZA, prend toute sa dimension cinématographique. Encore un album solo sorti par le Wu-Tang Clan en 1995, et encore un classique du rap.
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PETE ROCK & C.L. SMOOTH - Mecca And The Soul Brother (1992)
Des samples somptueux de Black Music, des boucles élégantes, des percussions saillantes, un phrasé coulant, une atmosphère à la fois urbaine et spirituelle. On retrouve tout cela sur ce classique délivré par Pete Rock, future grande référence de la production East Coast, avec son comparse le rappeur C.L. Smooth. Soit le rap new-yorkais des années 90 dans toute sa magnificence.
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RICK ROSS - Rich Forever (2012)
Le grand numéro de baron de la drogue de Rick Ross, son personnage de nouveau riche intouchable et étincelant, bien installé dans sa Maybach et dans sa vie de luxe, rarement le gros Floridien l'aura joué aussi bien que sur cette mixtape qui, par la qualité de sa production, par ses invités prestigieux et par sa remarquable homogénéité, a en réalité tous les attributs d'un grand album.
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RUN-D.M.C. - Run-D.M.C. (1984)
On a d'abord cru que le rap devait se mélanger au funk et au disco pour séduire les foules, qu'il devait s'enjoliver pour avoir du succès. Mais au milieu des années 80 Run-D.M.C prouve le contraire en le ramenant à l'essentiel, en faisant une musique sèche, agressive et dangereuse. C'est avec cet album que le rap devient tout à la fois : la nouvelle Black Music, et le nouveau rock'n'roll.
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SAGE FRANCIS - A Healthy Distrust (2005)
Au patchwork musical qu'a été Personal Journals, l'album qui a révélé Sage Francis à un public plus large, succède un autre, appuyé encore par les meilleurs producteurs de l'underground, mais plus homogène. Qu'il déclame des tirades ou qu'il expose ses blessures, Sage est ici au sommet de son rap hargneux et haletant, de sa musique à mi-chemin entre Public Enemy et Johnny Cash.
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SLICK RICK - The Art Of Storytelling (1999)
En 1999, Slick Rick s'entoure de toute l'intelligentsia rap pour un quatrième album où il démontre une fois de plus son talent de conteur. Ce n'est pas son opus le plus célébré. The Great Adventures of Slick Rick a ce privilège. Mais avec sa production plus actuelle, The Art Of Storytelling est son plus grand succès commercial. Et il se pourrait bien qu'il soit son album le plus abouti.
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SNOOP DOGGY DOGG - Doggystyle (1993)
Vous avez accroché à The Chronic en 1992 ? Alors vous aimez Doggystyle en 1993. Les deux acteurs principaux de l'album précédent inversent les rôles, Dr. Dre effaçant son nom derrière celui de son protégé, Snoop Dogg. La formule, toutefois, reste la même. Elle consacre un style californien au pic de sa popularité, et elle installe dans le rap l'un de ses personnages emblématiques.
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SOULS OF MISCHIEF - 93 'til Infinity (1993)
L'un des meilleurs albums de l'autre rap de la Côte Ouest. Celui qui, même si la rue n'est jamais bien loin, n'est pas gangsta. Celui qui aime jouer du langage, des assonances et d'un vocabulaire improbable, mais qui ajoute à cela de la souplesse et une pincée de fantasie très Bay Area. Le rap des Hieroglyphics, dans sa version la plus aboutie, celle des alors très jeunes Souls of Mischief.
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VINCE STAPLES - Summertime '06 (2015)
Ce n'est pas par hasard si la pochette du premier album officiel de Vince Staples évoque celle du Unknown Pleasures de Joy Division. On y trouve le même intimisme, la même noirceur, la même musique froide et désolée que chez Ian Curtis. Mais le rappeur de Long Beach transporte tout cela dans le contexte du rap et du ghetto, sur cette sortie qui est son œuvre majeure.
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THE STREETS - Original Pirate Material (2002)
The Streets, en vérité, ce n'est pas du rap. C'est plutôt du spoken word. C'est plutôt la déclinaison, à l'heure du rap, d'une tradition de commentaire social caustique très vivace chez les musiciens anglais, avec en sus tous les sons si pregnants dans ce pays, ceux de l'après rave music. C'est l'expression d'un génie national propre, qui dépasse les modèles américains plutôt que de les singer.
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T.I. - Trap Muzik (2003)
Le second T.I. est le bon. Il accélère la carrière de celui qui se veut le roi du Sud. Il est aussi celui d'une nouvelle ère pour le rap d'Atlanta, d'une génération qui ne parle bientôt plus que d'élaboration et de trafic de stupéfiants. Celui d'une musique âpre et claironnante pas encore arrivée à maturité, mais amenée à dominer les années à venir, celle-là même dont l'album porte le nom.
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THREE 6 MAFIA - Mystic Stylez (1995)
A sa sortie, Mystic Stylez apparaît comme un rejeton anecdotique de la mouvance horrorcore, délivré par un groupe issu de nulle part et dont la seule caractéristique notable est de s'en prendre à Bone Thugs-n-Harmony. Cet album morbide et barbare est pourtant le produit d'une scène riche, celle de Memphis, dont le son aura une influence décisive sur plusieurs décennies de rap.
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THREE 6 MAFIA - Chapter 2 - World Domination (1997)
Ce troisième album officiel capture la Three 6 Mafia au bon moment. Celui-là même où, bénéficiant d'une distribution à grande échelle et de plus gros moyens, le groupe devient visible d'un large public sans rien perdre des excès, de l'immoralisme et de la sauvagerie qui le caractérisent. Avec cette sortie, en effet, le son de Memphis fait un pas de plus vers la domination mondiale.
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A TRIBE CALLED QUEST - The Low End Theory (1991)
Après un très éclectique premier album, Q-Tip, Phife Dawg et les autres décident de ne plus s'abreuver qu'à une source : le jazz. A partir de cette influence majeure, ils bâtissent un album plus sobre et plus homogène, tout à la fois austère et chaleureux, simultanément ludique et socialement critique. Ils sortent ainsi, avec le culte The Low End Theory, le Saint Graal du jazz rap.
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A TRIBE CALLED QUEST - Midnight Marauders (1993)
Dernier d'une trilogie de classiques, le troisième opus d'A Tribe Called Quest allie le meilleur de ses deux prédécesseurs. Au jazz rap dense de The Low End Theory, il ajoute la fantaisie et la diversité de People's Instinctive Travels & The Paths of Rhythm, pour un disque où se mêlent humour et engagement, pour un album historique, qui sera aussi leur plus grand succès commercial.
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UGK - Ridin' Dirty (1996)
Il faudra du temps pour que les rois de l'underground texans s'emparent de leur couronne, et Ridin' Dirty est une étape décisive dans ce parcours. Sorti à plus grande échelle, il conclut une série de premiers albums remarquables, grâce auxquels le duo de Port Arthur définit la version locale du gangsta rap : plus souple, plus organique, plus ancrée dans le terroir musical du Sud.
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UGK - Underground Kingz (2007)
Sorti entre la libération et le décès de Pimp C, l'ambitieux double-album Underground Kingz, bourré de tubes et d'invités de prestige, consacre une fois pour toutes UGK et leur country rap tune. Mais au-delà, au centre d'une décennie qu'il aura dominé, il marque l'apothéose pour l'ensemble du rap sudiste, dont le duo texan aura été pour une large part de grands pionniers.
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ULTRAMAGNETIC MC'S - Critical Beatdown (1988)
Les Ultramagnetic MC's n'ont pas toujours eu la visibilité méritée. Et pourtant, avec ses audaces stylistiques et ses rimes complexes, avec le travail précurseur de Ced Gee au sampleur et les raps hallucinés de Kool Keith, Critical Beatdown est l'un des meilleurs albums rap des années 80, l'un des plus visionnaires et des plus influents. L'un de ceux, aussi, qui ont le mieux vieilli.
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WAKA FLOCKA FLAME - Flockaveli (2010)
Flockaveli est trop long. Il est inégal, il tourne à la formule, il est parfois bourrin pour rien. Et pourtant, peu d'albums ont été aussi importants. Avec ses hymnes sauvages et jouissifs, il apporte à la trap music son triomphe définitif. Il inaugure aussi une nouvelle grande décennie, offrant une alternative à la variété rap, tout comme à l'esthétisme vaniteux d'un hip-hop vieillissant.
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KANYE WEST - The College Dropout (2004)
Dès son premier album, Kanye West détonne. Associé à l'écurie Roc-A-Fella, mais d'une sensibilité backpacker, le rappeur et producteur concilie ces contraires. Il est à la fois un m'as-tu-vu flamboyant et une homme qui s'épanche. Quant à sa musique, elle est inhabituellement mélodique et luxuriante, imposant l'un des personnages les plus célébrés et les plus controversés du rap.
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KANYE WEST - 808s & Heartbreak (2008)
C'est l'album influent d'un rappeur et d'un producteur de rap. Et pourtant, ce n'est pas vraiment un album de rap. Sur son quatrième opus, Kanye West chante, usant de l'Auto-Tune pour mieux exposer sa détresse et son cœur brisé. Il s'inspire d'une vieille formule, celle des années 80, celle de Phil Collins et de Tears For Fears. Néanmoins, il annonce le rap des années à venir.
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KANYE WEST - My Beautiful Dark Twisted Fantasy (2010)
Chacun a son avis sur le meilleur moment de la carrière de Kanye West. Certains pensent même qu'il n'y en a pas eu, qu'il est un imposteur patenté. Mais sa grande œuvre, ou tout du moins sa plus emblématique, c'est sans doute celle-ci, c'est cet album de l'audace, de l'excès et de la démesure, une pièce montée surchargée d'invités et de styles musicaux, et qui pourtant tient debout.
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WU-TANG CLAN - Enter The Wu-Tang (36 Chambers) (1993)
Un album en forme de démo bringuebalante, enregistré par une palanquée de rappeurs au profil très ghetto, qui se passent parfois de refrains et s'expriment sur une musique sombre et bancale à base de samples malmenés. Dans un monde normal, cet objet aurait dû rester underground. Mais il sera, tout au contraire, l'un des plus influents et des plus célébrés de l'histoire du rap.
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YOUNG BUCK - Straight Outta Ca$hville (2004)
Young Buck est le rappeur du Sud de la G Unit, et cela s'entend. Au numéro de gangster magnifique typique du collectif, il ajoute les sonorités sales et chaudes de sa géographie. Il nous emmène en Chevrolet ou dans le club. Et c'est dans les quartiers délabrés de sa ville de Nashville qu'il prétend nous inviter. Il sort aussi, avec cet album, le meilleur de toute la bande depuis celui de 50 Cent.
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YOUNG JEEZY & DJ DRAMA - Trap Or Die (2005)
Avant même l'album historique, il y a la mixtape qui fait date. En 2005, Jeezy frappe un premier grand coup avec Trap Or Die, un projet qui révèle un nouveau grand du rap d'Atlanta, qui contribue à imposer un sous-genre musical promis à un bel avenir, et qui dévoile DJ Drama, le personnage le plus emblématique du nouvel âge d'or qui s'ouvre alors pour le format mixtape.
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YOUNG JEEZY - Let's Get It: Thug Motivation 101 (2005)
Motiver les voyous, en effet. Sur ce grand album fondateur de la trap music, Young Jeezy partage son expérience de dealer à la manière d'un coach mental. Et pour amplifier ses mots plein d'allant, il s'exprime sur une musique revigorante, avec des synthés criards et claironnants remplis de vigueur et d'assurance, popularisant une trap music qui n'en finira plus de prendre de l'ampleur.
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YOUNG SCOOTER - Street Lottery (2013)
Ami d'enfance de Future, affilié au 1017 Brick Squad de Gucci Mane, Young Scooter n'aura jamais la notoriété de ces deux-là. Sa trap music routinière, ses divagations génériques sur l'argent, la cocaïne, la rue et les filles faciles, se sont fondues dans le décor à Atlanta. En 2013, pourtant, avec un bel aréopage d'invités, il délivre l'une des toutes meilleures mixtapes dans ce genre.
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YOUNG THUG - 1017 Thug (2013)
La mixtape de la révélation pour l'un des rappeurs les plus cruciaux et les plus influents de la décennie 2010, l'un des plus déjantés aussi. Après celle-ci, Young Thug présentera des projets plus professionnels et plus présentables. Mais jamais plus il ne déploiera une telle énergie juvénile, jamais plus l'après-trap music insolite et hallucinée de cet homme possédé ne fera un tel effet.
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YOUNG THUG - Barter 6 (2015)
Peu à peu, à mesure que le succès prend forme, Young Thug peaufine sa formule. En 2015, le chien fou d'il y a quelques années voit son flow domestiqué, sa folie est apprivoisée. Même si Barter 6 est officiellement une mixtape, ce projet, dont le titre souligne tout ce que Thugger doit à Lil Wayne, a presque la forme d'un album, celui de la reconnaissance pour l'homme d'Atlanta.
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