Alley Boy a beau être signé chez Atlantic, il ne néglige pas ses mixtapes. Car ces mixtapes, déclare-t-il en présentant sa toute dernière, War Cry, ce sont en fait des albums. Il les traite avec le même soin, le même professionnalisme qu'un vrai disque, sélectionnant dans sa production pléthorique les titres qui lui paraissent les meilleurs. On peine cependant à le croire, à l'écoute des vingt-deux plages de cette livraison gargantuesque venue compléter ces Definition Of Fuck Shit 1 et 2, Purgatory, Nigganati et The Gift Of Discernment grâce auxquelles il a bâti sa réputation ces dernières années.
War Cry regorge de collaborateurs, parmi lesquels les compères usuels d'Alley Boy (Trouble, Veli Sosa), ses collègues du Louie V Mob (Fat Trel et Master P), les hommes en forme du moment (Future, Meek Mill, Kevin Gates, Young Scooter, Starlito) et des producteurs importants (Young Chop, Key Wane, Havoc de Mobb Deep). Certains, pourtant, n'ont pas manqué de lui reprocher son monolithisme.
Il est vrai qu'Alley Boy ne nous laisse pas respirer un seul instant. Le chef de file de Duct Tape ne rappe quasiment que sur un mode : menaçant, agressif, belliqueux. Après s'en être pris à ses aînés d'Atlanta, T.I. et Young Jeezy, il continue à déverser sa bile, à harceler ses ennemis ("Hate In Dey Face"), à s'acharner sur ceux qui l'ont trahi ("See The Signs"), à les suivre jusque chez leurs mères ("Mama's House").
Seul le touchant "Love You" se distance des paroles hostiles et vindicatives de cette sortie, Alley Boy y sacrifiant à la mode du gangster vulnérable. Le sirupeux "All I Do", la curiosité "RNGM", le lent "I'm That", les mélodiques "Cocaine", avec Fat Trel, et "Long Haul", avec Starlito et Kevin Gates, s'émancipent aussi des synthétiseurs clinquants qui dominent l'ensemble. Mais pour le reste, War Cry n'est que ce qu'il annonce : un long cri de guerre, émanant d'une jungle urbaine, d'une zone de conflit, où règnent la tricherie et l'hypocrisie ("No Love"), où tout est mal et noir ("Bad"), où seul le deal de drogue est digne de respect ("Cocaine").
Cet aspect lourd, monomaniaque, unidimensionnel, c'est la tare de War Cry, sa limite, d'autant plus que les tubes s'y font plus rares qu'avant. Mais c'est aussi sa force, ce qui en fait un album en soi, ciblé, déterminé, presque homogène.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://www.fakeforreal.net/index.php/trackback/1983