Et si l'histoire du rap, finalement, avait peu à voir avec celle de ses disques ? Et si ces derniers n'en étaient qu'une traduction imparfaite ? Et si, pour cette musique, l'essentiel se trouvait sur un format alternatif : la mixtape ? Cette question n'est pas que rhétorique. S'il n'est pas réservé au rap, ce support musical est associé de près à sa culture. Il a toujours été présent, dès ses origines, et il a suivi toutes les étapes de son parcours. Il a fourni aux fans une autre façon de goûter au rap. Il leur a offert une approche plus directe, plus en prise avec la rue, moins gênée par les calculs inhérents à la commercialisation d'un produit grand public. Cependant, quand nous parlons de "mixtape", entendons-nous bien toujours la même chose ?

50 CENT & G-UNIT - 50 Cent Is the Future

Bien évidemment non. Le terme, au fil du temps, s'est éloigné de son étymologie. Ce que nous appelons de nos jours une "mixtape", n'est bien souvent ni un mix (un assemblage de titres d'origines diverses), ni une tape (c'est-à-dire une cassette, support quasiment disparu aujourd'hui). Il s'agit souvent ni plus ni moins que d'un album gratuit, distribué sur Internet. Pour souligner cette évolution, certains s'emploieront d'ailleurs à distinguer la "mix tape", ou "mix-tape", en deux mots, du mot valise "mixtape". Les premiers désigneraient les compilations mixées d'origine, comme on en trouve encore dans bien d'autres genres musicaux que le hip-hop, et l'autre ce que ce format serait devenu progressivement au sein du rap.

Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Comment ce mot a pu changer si vite de sens ? Comment la mixtape est-elle devenue, en quelques décennies, si proche de ce à quoi elle s'opposait : cette suite de morceaux inédits qu'est l'album. Voyons-cela, à travers une revue rapide des différentes incarnations de ce format.


Party Tapes

Aux origines de la culture hip-hop, dans le New-York des années 70, la mixtape était vraiment ce qu'elle veut dire : une suite de morceaux compilés, distribués sur cassettes, en marge des circuits de commercialisation habituels. Elle n'avait alors d'autre vocation que d'immortaliser les premières block parties, ces fêtes de rue qui ont été le berceau de la culture hip-hop. Soit elles étaient enregistrées telles quelles, de manière clandestine, soit les DJs qui animaient ces bals du pauvre les reproduisaient eux-mêmes sur cassettes, que l'on désignait comme des party tapes (des cassettes de fêtes). Elles étaient alors vendues à leurs fans (ou à des chauffeurs de taxi en quête de bande-son pour leurs courses), de la main à la main, voire par l'intermédiaire de dealers, et permettait ainsi à leurs concepteurs d'arrondir leurs fins de mois. A cette époque, personne, et pas même ses DJs, ne considéraient encore que le hip-hop puisse être un genre en soi. Il n'était qu'une façon particulière de jouer avec la musique des autres. Aussi ces compilations ont-elles été les premiers enregistrements à témoigner de cette culture naissante.


House Tapes

Le passage du hip-hop sur disque, accéléré après le succès mondial du "Rapper's Delight" de Sugarhill Gang en 1979-80, n'a pas enterré la mixtape, bien au contraire. Dès ce single historique, la commercialisation du rap a imposé que l'on mette en avant des figures charismatiques, et donc que l'on privilégie l'un des acteurs de la culture hip-hop, à l'origine un simple supplétif du DJ : le rappeur. Sa discipline, le rap, manière rythmée et saccadée de parler par-dessus les disques, deviendrait désormais le nom même de la musique hip-hop, et sa composante la plus visible. La mixtape, toutefois, garderait une raison d'être : elle serait le joujou des DJs. Les grandes années des block parties étant révolues, certains enregistreraient à domicile des compilations sur cassette, que l'on désignerait donc parfois sous le nom de House Tapes (cassettes maison). Elles seront pour eux une façon de consolider leur réputation, le cas d'école étant celui de Kid Capri, DJ au club new-yorkais le Studio 54, premier grand DJ à mixtapes à passer sur major, et dont le premier album, en 1991, sera appelé de manière fort appropriée The Tape.


Blend Tapes et autres

La mixtape, qui n'est déjà plus toujours une cassette (le CD enregistrable s'impose bientôt comme format alternatif), serait pour longtemps la chasse gardée des DJs. Ceux-ci, toutefois, ne se contenteraient pas de compiler et d'enchainer des titres. De plus en plus, ils allaient se livrer à des expériences. L'un des exemples les plus emblématiques est celui de Ron G. Avec sa série des Blendz, commencée en 1991, cet autre DJ new-yorkais allait poser des a capella R&B sur des beats hip-hop, rapprochant ainsi deux branches des musiques afro-américaines, et posant les bases des blend tapes, dont l'objet est de mélanger des morceaux, issus potentiellement d'univers distincts. Au cours des années 90, bien d'autres expérimentations sont conduites également sur mixtapes. Le format cassette sert aussi à rendre compte des prouesses des turntablists, DJs virtuoses qui perfectionnent les techniques de manipulation du vinyle apparues dès les premières années de la culture hip-hop. De même, on doit citer les mixes chopped & screwed, emblématiques de Houston, popularisés par DJ Screw à partir de 1993.


Exclusive Mixtapes

Les mixtapes sont, dans les années 90, le terrain de jeu privilégié des DJs, mais les rappeurs n'y sont pas que des figurants. Certaines sorties servent à démontrer leur habileté verbale, en compilant leurs meilleurs titres, en démontrant leurs talents d'improvisateurs par des freestyles (un exercice popularisé par des DJs comme Doo Wop et Tony Touch), ou encore en livrant leurs morceaux en avant-première. Après avoir cherché son style, et s'être d'abord essayé au format des blend tapes, DJ Clue? allait être le DJ phare de cette évolution. Ce proche de Damon Dash et de Jay-Z allait se muer en prescripteur et en découvreur, en posant sur ses mixtapes les morceaux inédits d'artistes actuels ou en devenir, soulignant leur nouveauté par le mot "exclusive". DJ Clue? n'aura pas été le premier à recourir à ces exclusivités, certains autres comme DJ S&S auront bâti avant lui leur réputation sur de tels inédits. Mais sa notoriété et son influence seront telles que, bientôt, il n'aura plus qu'à attendre qu'on lui tende des démos à la sortie de son studio. Avec lui, de nombreux DJs suivront ce chemin, précipitant ainsi une nouvelle mutation de la mixtape : dorénavant, celle-ci pourra contenir des morceaux originaux, et elle deviendra un outil promotionnel pour les rappeurs.


Rapper Mixtapes

Il ne restait plus à ces derniers, au début des années 2000, qu'à se l'approprier pour de bon. Quelques uns ayant usé de leur présence sur les sorties de DJ Clue? et de ses pairs pour construire leur réputation, le trio The Lox par exemple, les grands rappeurs du début des années 2000 se mettent à user massivement du format mixtape, qui leur permet en outre de contourner des labels qui, touchés par la crise du disque liée à Internet, allongent leurs délais de sortie et privilégient les albums blockbusters. C'est le cas des Diplomats, et surtout de la G-Unit de 50 Cent, dont le triomphe en 2003 a été préparé par ce type de sorties. Cette fois, toutefois, les rappeurs sortent des mixtapes sous leurs noms. Ils n'y proposent que des titres à eux, inédits, freestyles, remixes ou autres. Les DJs sont toujours présents, mais ils ne font plus que cautionner les mixtapes. Au mieux, ils participent à la sélection des morceaux, ils les enchainent, et ils hurlent leur nom ici ou là, pour marquer leur présence. Les grands DJs qui popularisent ces mixtapes d'un nouveau genre sont Whoo Kid, Kay Slay, et bien sûr DJ Drama, qui crée la prestigieuse collection Gangsta Grillz et étend une pratique jusqu'ici très associée à New-York à l'ensemble des Etats-Unis. Dans la seconde moitié des années 2000, en effet, quelques unes des plus grandes mixtapes sont sorties par des rappeurs, Young Jeezy, Gucci Mane, Lil Wayne et d'autres, implantés au Sud.


Street Albums

D'après ses dires, DJ Drama est celui qui a transformé la mixtape en street album. Il aurait été celui qui a effacé ses différences avec l'album commercial. En janvier 2007, un événement précipite cette nouvelle évolution : le FBI fait alors irruption dans le studio du DJ, à Atlanta. Au cours de ce raid, commandité par l'industrie du disque, Drama est arrêté, ainsi que son partenaire Don Cannon, et du matériel est saisi, dont plusieurs dizaines de milliers de mixtapes. Désormais, ce format est si populaire et si visible qu'il est devenu impossible de se jouer du droit de copie, sans s'exposer à des rétorsions. A la suite de cet événement retentissant, les DJs et les rappeurs devront donc réagir, en accélérant deux mouvements déjà bien amorcés : de plus en plus, leurs mixtapes ne contiendront plus que des originaux ; et plutôt que de les vendre, ils les diffuseront gratuitement sur Internet, sur les plateformes dédiées qui se créent pour l'occasion, comme l'emblématique DatPiff.com. DJ Drama lui-même montrera l'exemple quelques semaines plus tard, en distribuant sur le Web Da Drought 3, la toute dernière mixtape qu'il aura conçue avec celui qui est alors l'une des plus grandes stars du rap, Lil Wayne.


No DJ

Maintenant qu'elle contient exclusivement des inédits, généralement d'un seul groupe ou rappeur, plus grand-chose ne sépare la mixtape d'un album commercial en bonne et due forme. Le mouvement s'accélère même à la fin des années 2000, la présence du DJ se faisant de plus en plus ténue, quand son nom ne disparait pas totalement. Il arrive en effet qu'une mixtape soit estampillée "No DJ", à l'origine parce qu'un rappeur en devenir n'avait pas pu se payer la signature d'un DJ prestigieux, mais bientôt parce que l'auditeur lui-même est demandeur. La convergence entre mixtape et album devient même réciproque, les deux quittant leurs supports initiaux pour être vendus ou distribués sur Internet. Le Web ayant compromis la profitabilité du CD, l'album lui-même devient ce que la mixtape a toujours été : un outil promotionnel destiné à exploiter ces autres sources d'argent que sont les concerts ou l'image de marque de l'artiste. Il n'y a désormais plus grand-chose pour les différencier, sinon peut-être la gratuité, devenue la norme pour la mixtape. En encore, il n'est pas rare de voir une mixtape à succès finalement transformée en album commercial, ou ce qui était annoncé comme un album se retrouver sur une plateforme spécialisée de téléchargement à la DatPiff.

Les mixtapes, désormais, n'existent quasiment plus en tant que format spécifique, elles ne sont que des albums gratuits. Alors, pourquoi donc encore en parler ? Ce terme a-t-il encore un sens ? La distinction avec les albums sert-elle à quelque chose ? Et bien oui, malgré tout. Car plusieurs traits continuent de lier, à travers les âges, les différents types de mixtapes évoqués jusqu'ici : la désintermédiation, ce lien direct entre les artistes et le noyau dur de leurs fans, fut-il considérablement élargi à l'heure d'Internet ; cette idée que la mixtape n'est que l'outil promotionnel, qu'elle est un moyen plutôt qu'une fin ; et pourtant, de manière paradoxale, son côté artistiquement plus pur et plus satisfaisant, parce qu'elle est en principe dépourvue des impératifs liés à une démarche commerciale.

Avec une mixtape, quel que soit son support, quelle que soit son époque, on peut tout oser, sans trop se soucier des limites posées par le droit de copie, par les levées de bouclier liées à des textes sulfureux, par la nécessité de mettre de l'eau dans son vin pour convaincre un public trop large. Comme le dirait Lil Wayne, l'un des meilleurs rappeurs à s'être illustré sur mixtape : avec elle, "sky is the Limit".


5 mixtapes des années 1990

Quoi qu'en disent les nostalgiques et les puristes du hip-hop à l'ancienne, les mixtapes d'autrefois, celles qui se distribuaient pour de bon sur cassettes, et qui étaient de véritables compilations, n'ont pas nécessairement produit de vrais classiques. Leur but, bien souvent, était de capturer l'air du temps, et la plupart ont disparu avec lui. Certaines, cependant, sans toujours soutenir la comparaison avec des albums commerciaux, demeurent d'importants documents historiques.


DJ RON G - Mixes #1 (1991)

DJ RON G - Mixes #1

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Tant d'années après, c'est avec circonspection que l'on écoute les blend tapes de Ron G, dont le principe était de superposer breakbeats hip-hop et chants R&B. Mais à l'époque, elles étaient révolutionnaires. Elles marquaient deux évolutions : la généralisation des remixes sur des mixtapes, qui étaient de moins en moins de simples successions de morceaux ; et le grand rapprochement entre rap et R&B.


KID CAPRI - 52 Beats (1992)

KID CAPRI - 52 Beats

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La première vraie star de la mixtape fut DJ Capri. D'autres l'avaient précédé, mais il fut le premier à en faire un commerce rentable, et à gagner une place tout en haut de l'intelligentsia rap des années 90. Parmi ses sorties d'anthologie, figure 52 Beats, une sorte d'hommage à la période old school, qu'il avait connue, via la sélection de 52 breakbeats célèbres, au fondement même de la culture hip-hop.


DJ Q-BERT - Demolition Pumpkin Squeeze Musik (1994)

DJ Q-BERT - Demolition Pumpkin Squeeze Musik

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Impossible de parler des mixtapes sans mentionner ce que les turntablists en ont fait : un art en soi, qui ne se contente plus d'enchainer des morceaux choisis, mais joue à manipuler les vinyles. Parmi les cassettes à l'origine de cette discipline, figure la première, absolument séminale, de Q-Bert, DJ phare de cette école, issu comme tant d'autres de la prolifique communauté philippine de San Francisco.


DOO WOP - 95 Live (1995)

DOO WOP - 95 Live

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Avec S&S, Clue, Tony Touch et quelques autres, Doo Wop incarne un premier âge d'or de la mixtape, celui qui, autour de 1995, accompagna la renaissance du rap new-yorkais. Live 95 est son oeuvre emblématique, et elle est souvent considérée comme la meilleure mixtape de son temps. Elle popularisa aussi un exercice amené à devenir prédominant sur ce format : les freestyles sur des beats existant.


DJ SCREW - June 27 (1996)

DJ SCREW - June 27

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Alors que New York, pour ses mixtapes comme pour ses albums, continuait à être la ville phare du hip-hop, d'autres plus au Sud préparaient les révolutions à venir. Ce fut le cas de DJ Screw, dont le style screwed & chopped allait influencer le rap des années 2000. Mais en 1996, il était surtout apprécié dans sa ville de Houston, par exemple pour cette mixtape, et le freestyle épique qui lui a donné son nom.


5 mixtapes des années 2000

La grande métamorphose de la mixtape, son passage de joujou pour DJs à album de rap gratuit, est un phénomène qui a pris place tout le long de la décennie 2000. Retraçons donc les grandes lignes de cette transformation décisive pour toute la production rap, avec une sélection de 5 mixtapes en tous points historiques.


50 CENT & G-UNIT - 50 Cent Is the Future (2002)

50 CENT & G-UNIT - 50 Cent Is the Future

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En 2002, parce qu'il sentait trop le souffre, la carrière de 50 Cent était dans une impasse. Alors, il optait pour des chemins détournés, lâchant tout ce qu'il avait sur plusieurs mixtapes, notamment celle-ci, avec ses amis de la G-Unit. Dans la rue, le succès serait tel qu'il deviendrait la grande star du nouveau siècle, ouvrant ainsi une voie à tous ceux qui, à sa suite, voudraient se faire une place dans le rap.


THE DIPLOMATS - Diplomats Volume 1 (2002)

THE DIPLOMATS - Diplomats Volume 1

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Pour Cam'Ron, la mixtape n'avait pas le même enjeu que pour 50 Cent. A l'époque de Diplomats Volume 1, en effet, sa carrière à lui était déjà bien amorcée. Cette sortie n'était qu'un avant-goût de son prochain album, le classique Come Home with Me. Elle l'aiderait cependant, ainsi que les volumes suivants, à lancer ses complices Jim Jones, Juelz Santana, et tous les autres membres du collectif Dipset.


YOUNG JEEZY - Trap or Die (2005)

YOUNG JEEZY - Trap or Die

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La trap music, DJ Drama, et les mixtapes comme format majeur du rap : tous ces éléments qui dominent la musique à l'époque contemporaine, trouvent leur point de départ en Trap or Die. Cette mixtape n'a pas fait que révéler au monde l'un des rappeurs capitaux de ce début de nouveau siècle, Young Jeezy. En transformant pour de bon la mixtape en street album, c'est la face du rap qu'elle changeait.


GUCCI MANE - Chicken Talk (2006)

GUCCI MANE - Chicken Talk

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La formule inaugurée par Jeezy serait peaufinée par son rival Gucci Mane. Celui-ci serait, en effet, le rappeur ultime de la fin des années 2000, le plus influent, le plus décisif pour les années à venir. Et il le deviendrait en livrant des mixtapes plutôt que des albums. En Stakhanov du rap, il en sortirait des dizaines. Beaucoup furent des sorties majeures, à commencer par la toute première, la plus décisive.


LIL WAYNE - Da Drought 3 (2007)

LIL WAYNE - Da Drought 3

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Bien qu'il ait entamé sa carrière pendant la décennie précédente, Lil Wayne fut le rappeur le plus en vue de la fin de la décennie 2000. Il le doit à ses albums de la série Tha Carter, bien sûr, mais aussi à ses mixtapes, quand il s'exprimait sur la musique des autres. Elles leur étaient même parfois supérieures, notamment les Dedication, et les Da Drought, une série dont ce troisième épisode est le meilleur.


5 mixtapes des années 2010

Dans les années 2010, la mue est achevée. Au grand dam des traditionnalistes hip-hop, les mixtapes ne sont absolument plus ce qu'elles veulent dire, des mixes sur cassettes. Elles ne sont plus que de vrais albums, distribués gratuitement en ligne. Et qu'importe que leur nom soit impropre, ces mixtapes d'un nouveau genre sont désormais le centre de créativité du rap. En témoignent ces cinq exemples.


FUTURE - True Story (2011)

FUTURE - True Story

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L'un des rappeurs capitaux des années 2010, l'un des plus influents, avec son blues de drogué sentimental mâtiné d'Auto-Tune, eut deux carrières. Une sur mixtapes, et une autre sur albums commerciaux. Et l'une s'est nourrie de l'autre. Chaque fois que Future a connu le succès, en 2012 puis en 2015, cela fut précédé d'une nuée de mixtapes d'anthologie, dont ce True Story fut l'une des premières.


DANNY BROWN - XXX (2011)

DANNY BROWN - XXX

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Danny Brown fut l'artiste de la grande synthèse. Issu de la scène backpacker intello de Detroit, jouant parfois au rappeur conscient, il fit aussi partie d'une nouvelle génération de rappeurs déjantés et cramés par les drogues. Et XXX, son opus magnus, à la fois commercialisé et distribué gratuitement, fut quant à lui tout à fait représentatif du brouillage absolu des frontières entre mixtapes et albums.


RICK ROSS - Rich Forever (2012)

RICK ROSS - Rich Forever

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Rick Ross, le gros nabab du rap de Miami, aura connu son heure de gloire à la fin des années 2000, avec des albums remarqués comme Deeper than Rap et Teflon Don. Mais son oeuvre majeure, il l'a peut-être livrée un peu plus tard, et sur mixtape, avec Rich Forever, une sortie de qualité album, au pinacle de son rap grandiloquent de nouveau riche, de baron de la drogue, de m'as-tu-vu ultime.


KEVIN GATES - The Luca Brasi Story (2013)

KEVIN GATES - The Luca Brasi Story

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Ce n'est qu'en 2016, que le rappeur de Bâton Rouge, Kevin Gates, a sorti son premier album, Islah, après une suite fantastique de mixtapes d'anthologie. Le comble, c'est qu'il n'était presque plus possible de faire la différence entre cette sortie officielle, et les autres. Son rap de gangster qui saigne y était toujours le même que celui dévoilé sur The Luca Brasi Story, la mixtape de la révélation.


YOUNG THUG - 1017 Thug (2013)

YOUNG THUG - 1017 Thug

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Qu'on aime ou qu'on déteste Young Thug, force est de reconnaître que le rappeur possédé et fantasque d'Atlanta, héritier de Lil Wayne et de Gucci Mane, a su s'imposer comme l'une des figures rap capitales des années 2010. Et il a pu le faire sans jamais vraiment proposer de sortie physique commerciale, rien qu'avec des mixtapes, à commencer par 1017 Thug, celle qui l'a vraiment placé sur orbite.