Screwed Up Click :: 1996 :: acheter le disque
A cette époque, celui-ci était déjà un acteur établi de la scène locale. Depuis plusieurs années, il s'était lancé dans le commerce de mixtapes personnalisées. C'est d'ailleurs en en vendant une à la sœur de DeMo qu'ils étaient devenus amis. Il avait ensuite popularisé son style de mix propre, le très cinématique registre screwed and chopped, qui consistait à ralentir les morceaux sélectionnés et à en faire répéter certains mots, et il avait mis en avant son propre collectif de rappeurs, le Screwed Up Click. Ce n'est pourtant pas les plus notoires d'entre eux, Lil Keke et ESG, alors en prison, qui allaient s'exprimer sur "June 27th", mais Bird, Key-C, Yungstar, Big Pokey, Kay-Luv, Haircut Joe, DeMo bien sûr, et celui qui deviendrait par la suite l'un des membres les plus éminents de la clique, l'un des plus influents, aussi, avec son rappé-chanté promis à un grand avenir : Big Moe.
Sur June 27th, la mixtape, d'autres morceaux que le freestyle éponyme étaient présents, issus du répertoire de 2 Pac, Too $hort, Tru, ou de locaux comme les Botany Boyz. Tous subissaient le traitement caractéristique de DJ Screw, y compris une chanson reggae, le "Roller Skates" de Steel Pulse. Et certaines de ces expériences étaient tout à fait remarquables. La version passablement allongée du "Tha Crossroads" de Bone Thugs-n-Harmony était une réussite, les manipulations sonores propres au DJ faisant passer à un rythme presque normal ces rappeurs connus pour leurs flows rapides. Même chose de l'instrumental du "Freshest MC In The World" de K-Dee, plus langoureux encore que l'original (au point que le refrain féminin semblait changer de sexe), et parcouru des divagations faites maison.
Mais le plat de résistance, ici, c'était bel et bien le morceau qui donnait son nom à la cassette. Il s'agissait donc d'une longue divagation épique, de paroles pour de bon improvisées (si l'on excepte un sample récurrent du "Warning" de Notorious B.I.G.), articulées autour des refrains et des interludes quasi chantés par la grosse voix chaude de Big Moe, et servie par des sons souples et des sirènes, qui dotaient le morceau, comme d'autres sur la mixtape, d'un fort tropisme californien. Ce beat avait beau tourner en boucle, sa musicalité et la succession de plusieurs rappeurs faisaient qu'elle n'était jamais lassante. Des années après, "June 27" est encore considéré comme un moment fondateur pour la scène de Houston, à en juger par la pluie d'hommages qu'il aura reçu : c'est en effet à ce morceau que pensera Drake en 2009, en titrant l'un de ses titres "November 18th" ; c'est encore lui, en 2011, que revisiteront une nouvelle génération de rappeurs de Houston, emmenée par Kirko Bangz et par Le$ ; et c'est en l'honneur de DJ Screw et du 27 Juin 1996 que, 20 ans après jour pour jour, Trae the Truth sortira sa mixtape 48 Hours.
PS : la pochette ci-dessus est celle d'une réédition CD de cette mixtape historique
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