WOOH DA KID – Strap-A-Holics

On connait bien la mère, Debra Antney, l’ancienne manager de Gucci Mane. On connait encore mieux le fils, Juaquin Malphurs, alias Waka Flocka Flame. Il y a l’autre garçon, Kayo Redd, retrouvé mort en 2013. Et il y a l’autre encore, Whoo Da Kid. Ce dernier est sans doute moins célèbre que Waka Flocka, il est moins remarquable, moins incontournable, il n’aura pas son impact sur le rap. Cependant, dans la période faste accélérée par le succès de Flockaveli, à cette époque où la moindre mixtape de trap music délivrée par tout cette bande d’Atlanta contient des morceaux incroyables, il a aussi sa part.
En 2011, Whooh Da Kid a déjà sorti des mixtapes, avec DJ Holiday : Pressure, en 2009, et Black Out, en 2010. Mais l’après-Flockaveli est le moment idéal pour marquer les esprits. Certes, le principal acteur de la mixtape Strap-A-Holics n’est pas un grand rappeur, mais le moment est le bon. Et puis il est bien entouré. Ils sont tous là. Aux sons Southside, principalement, plus Lex Luger qui produit le temps fort « No Romance ». Et au micro, Waka Flocka évidemment, mais aussi Gucci Mane, Frenchie, OJ Da Juiceman, YG Hootie, ainsi que French Montana.
Bienvenue donc chez le Brick Squad. Bienvenue dans le grande année 2011. Bienvenue dans cette ambiance sauvage, parsemée de tags, de synthés grandiloquents et de mélodies déclinées sur plusieurs octaves, avec à l’occasion une sucrerie R&B (« Probation Remix », avec Gucci Mane et French Montana). Bienvenue sur cette sortie où toute une bande de gens délirent sur les bénéfices fantasmés du métier de dealer, parfois même tous ensemble, comme sur « Everything Bricksquad ».
Bienvenue sur cette mixtape pleine de faux départs, saupoudrée de grognements et d’onomatopées, encombrée de cliquetis et de détonation d’armes, où on se présente comme le chef des rufians, où on manie le fouet comme un chef, où on vante le clinquant de sa quincaillerie aux prix prohibitifs, où on raconte ses équipées sauvages avec sa fidèle automobile (« 4 Door Porsche ») et où on joue au coq dénué de sentiments (le tube « No Romance »). Bienvenue dans ce déversement de fantasmes de trap house (cette femme qui concocte sa drogue et compte ses billets seins nus, sur « Topless ») et de décharges sexistes qui n’auraient plus leur place à l’ère #MeeToo (l’efficace « One Night Her »).
On trouve tout ce qu’il faut, à tel ou tel détour de cette mixtape trop longue et trop routinière (évidemment), mais en plein dans l’esprit de l’époque. Et qu’importe, au fond, si Wooh Da Kid n’est pas tout à fait Wooh Da King, comme il le prétend. Qu’importe s’il n’est pas le rappeur du siècle.