TROUBLE – December 17th

Sous la posture du bad boy au cœur qui saigne. Voici comment se présente Trouble avec December 17th, la sortie qui révèle le rappeur le plus passionnant de Duct Tape avec son chef de file Alley Boy. Suivant la tendance du moment, celle des Drake, Future et consorts, celle du bâtard sensible en somme, ce rappeur-là s’épanche et expose ses blessures. Il se lamente, comme sur « World Goes ‘Round », sur le sort d’une grand-mère en chaise roulante dénuée de couverture sociale.
Cette mixtape patronnée par The Empire ne détonne pas dans le paysage trap music de saison, en cette bonne vieille ville d’Atlanta. Elle est remplie de morgue, de synthétiseurs explosifs et des hâbleries de criminels endurcis. Et ce d’entrée, dès l’hymne qu’est « Yeen Heard! », ainsi que sur le virevoltant « The Worst Way », avec cet autre bûcheron en chef qu’est Waka Flocka Flame, et puis surtout « Bussin' », le titre de la révélation, menaçant à souhait avec ses cliquetis d’armes à feu.
Trouble, en effet, se présente comme un véritable gangster. Il le rappelle en titrant sa mixtape d’après la date de sa sortie de prison. Il le fait aussi sur le titre « Fake Industry », quand il s’oppose aux thugs en toc qui polluent le monde du rap. Chez ce rappeur, ce n’est pas du chiqué. Mais Trouble, au milieu de titres hédonistes attendus comme « Stay From ‘Round Me » et « Dis Ain’t Ordinary », expose aussi une face plus vulnérable. Il le fait à partir de « Geeked Out Of My Mind » à l’aide d’un expert du genre, Future, puis il poursuit avec « Tell Me The Truth ». Ailleurs, loyal, il exprime son attachement à ses pairs sur « For My Patnaz » puis, en compagnie d’Alley Boy, sur « Patnaz Got Stretches ».
Et puis il y a ce sombre « World Goes ‘Round » qui s’ouvre sur des chants religieux, où Trouble s’épanche à propos de tout ce qui ne tourne pas rond en son monde, doublé par une vidéo où il met en scène sa famille, ainsi que la tombe d’un frère parti trop tôt, histoire d’aller au fond du pathos.
Tout cela pose notre homme, quelque part à mi-chemin entre l’insolence et l’introspection. Cette formule, Trouble la peaufinera encore l’année d’après, avec un 431 Days tout aussi solide. Mais c’est bel et bien December 17th qui signe son entrée dans le monde. C’est sa carte de visite, une sortie si cruciale dans son parcours qu’il lui apportera une suite, The Return Of December 17th.