MOUSE ON THA TRACK – Swagga Fresh Freddie

Un nom vient spontanément à l’esprit quand on pense à la scène rap de Bâton Rouge : celui de Lil Boosie. Il en est la voix et le porte-drapeau. Cependant, il n’est que rappeur. L’artisan du son local est en réalité Jeremy Allen, alias Mouse On Tha Track. Celui-ci est présent dès les débuts du label Trill Entertainment. Il a produit, entre autres, l’essentiel de Gangsta Musik, l’un des albums communs de Boosie et de Webbie, ainsi qu’une poignée de titres d’anthologie tels que « Swerve » et « Wipe Me Down ». Fan revendiqué de Mannie Fresh, il est à l’origine de cette adaptation du bounce de la Nouvelle-Orléans, qui a fini par définir le son de Bâton Rouge.
Au début des années 2010, cependant, Mouse On Tha Track se retrouve bien seul. Pimp C, le parrain de Trill Ent., est décédé en 2007, et dès 2008, Webbie rencontre de sérieux problèmes judiciaires, tout comme Lil Boosie, incarcéré de 2010 à 2014. Le producteur profite toutefois de cette période pour devenir un peu plus visible, via une collaboration avec le Texan Killa Kyleon, Welcome To The Fish Fry, et deux mixtapes : Swagga Fresh Freddie, au début 2011, et Millionaire Dreamzzz l’année suivante.
Dès la première, les invités se font rares (excepté Soulja Boy, tous sont des rappeurs locaux, dont Boosie et un Kevin Gates encore méconnu), et le producteur s’empare du micro. On ne retiendra peu les textes de Mouse On Tha Track. De nature essentiellement festive, avec quelques aspérités gangsta et des passages salaces carabinés, délivrés sur un mode proche du chant (le rappeur et producteur reprend même le refrain du « Why Can’t We Be Friends » de War), entêtant même, avec force répétitions, ils servent surtout à accompagner sa musique enjouée et bondissante, toute en synthés claironnants et en rythmes sautillants.
Comme l’indiquent des titres tels que « Turn Da Beat Up » (délivré ici dans sa version solo, et non dans celle, plus connue, avec Boosie, Webbie et quelques autres), Swagga Fresh Freddie nous propose de la musique de club, autant sur la forme que sur le fond. Il s’agit d’une longue plongée dans une suite de titres dansants et entrainants, enchainés sans temps mort, comme un mix à l’ancienne.
A l’exception peut-être du délirant « Cartoon », le seul où apparait Boosie (un titre présent aussi sur son album sorti depuis la prison, Incarcerated), où les rappeurs se comparent à des personnages de dessin-animé, ou bien de « Why They Jock My Style », la collaboration avec Soulja Boy, assez canon, peu sont de vrais singles. Mais tous sont bons. Cette mixtape est remarquablement homogène et constante. Tout au long de son heure et quelque, Mouse On Tha Track s’assure qu’on se sente bien.