En guerre contre moi-même. Ce titre dit clairement où All Star en est arrivé, au stade de sa carrière où il s'est rebaptisé Starlito : à cette grande phase introspective, qu'il traverse encore de nos jours. A ce grand moment de blues qui se poursuit toujours, et qui est renforcé alors par l'incarcération récente d'un ami, Red Dot. Cette mixtape, sortie peu après cette sortie de référence qu'est Renaissance Gangster, lui est alors dédiée. Les profits qui en seront tirés iront à sa famille.

STARLITO - At War With Myself

As the title implies, I (Starlito) am at war with myself.
I decided to channel my frustrations and use my energy creatively.

Comme le titre le laisse entendre, je (Starlito) suis en guerre contre moi-même.
J'ai décidé de canaliser mes frustrations et d'utiliser mon énergie avec créativité.

Voici donc comme le rappeur présente cette mixtape quasi-gratuite assemblée à la va-vite, en quatre jours, à base de sons originaux et d'autres issus des morceaux du moment, ceux de Lil Wayne, de Rick Ross, de Meek Mill et de Lil B.

C'est bien un rappeur torturé qu'on entend se livrer parfois sur cette suite de divagations musicales parsemée autant de soul classieuse ("People In The Streets", ce "Clouded Judgement" qui sample Curtis Mayfield) que de trap music d'époque avec ses mélodies déclinées sur plusieurs octaves ("Felt Like Giving Up", "Nada (To A) Star"). Sur "Lil Boosie Out", quand il rappe sur l'instru de "Tupac Back", Starlito invoque à raison les deux hommes en question, car il est comme ces grands rappeurs influents, un voyou tourmenté.

Mais Starlito n'est pas que cela.

Sur At War With Myself (ou, pour utiliser son titre stylisé, @ WAR w/ myself), il joue, surtout, avec les mots. Il s'adonne à des moment ludiques, comme ce "Like Mike" où s'entrecroisent les références aux géants du basket Lebron James, Michael Jordan et Kobe Bryant. On sent aussi chez lui un brin d'autodérision, quand il confie sa passion pour sa voiture ("Dodge Music"). Il fait preuve d'humour, quand il dit manier des chiffres longs comme des codes postaux ("Zip Codes"), quand il parle de ses conquêtes féminines ("Clouded Judgement"), quand il raconte une histoire de désamour avec une fille collante ("Thinking of You") ou qu'il s'en prend à une autre, vénale et intéressée (le tube "Get Off My Line", aussi présent sur Ultimate Warrior).

L'ancien All Star s'exprime librement, spontanément, avec un ancien collaborateur, son voisin Young Buck ("People In The Streets"), tout comme avec Don Trip, celui qui deviendra, quelques mois plus tard, avec la première de trois sorties en commun, son acolyte régulier ("You Ain't Nothin'").

Starlito est en guerre contre lui-même, mais il s'amuse aussi, sur l'échantillon large et décousu de son art qu'il délivre à travers cette mixtape. Preuve que cette sortie composite et assemblée à la va-vite aura tout de même compté dans la discographie riche du rappeur de Nashville, il y aura un At War With Myself numéro deux, quelques années plus tard.

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