Big Moochie Grape, Kenny Muney, Jay Fizzle… Depuis la mort de Young Dolph, ses protégés de Paper Route Empire lui ont rendu hommage de la meilleure des façons : en sortant de bons, voire de très bons albums, tout au long de 2022. La même année, le patron lui-même a eu l'honneur d'un opus posthume plutôt réussi. Cependant, il manquait encore le principal de ses disciples. Si l'on exclue sa version deluxe, Key Glock n'avait plus proposé de long-format depuis sa Yellow Tape 2. Mais il a réparé cela début 2023, en donnant une suite à sa mixtape de référence, Glockoma.
Et celle-ci, hormis cette pochette où certains ont cru voir un détournement du When The Pawn... de Fiona Apple (vraiment ?), est exactement telle qu'attendue. Produite par une ribambelle de gens dont bien sûr Bandplay, Tay Keith et Hitkidd, mais ne comptant aucun autre rappeur, comme Key Glock se plait à le rappeler sur le retentissant "Fuck A Feature" final, Glockoma 2 ne recèle que l'ordinaire trap music du Paper Route Empire. Ce sont les blablas d'un homme qui prétend être sorti du ghetto à la force du poignet, et dont l'argent, la seule raison de vivre en ce bas-monde, permet de jouir de ces à-côtés que sont les bagnoles et les filles.
Comme le suggère le très bon "Presidential Rolex" en samplant plusieurs fois la phrase "you got to set me free", et comme le rappelle de façon subliminale quelques échos soul d'antan, cet art égocentré célèbre la libération des Noirs non plus par Dieu ni par l'être aimé, mais par les billets. Et par instants, évoquant les traumatismes d'antan, elle laisse entrevoir quelques blessures mal refermées ("Lean Habits").
Ce nouvel artéfact des usines Paper Route se fondrait dans la masse sans quelques titres à contremploi, destinés à lui apporter un peu de sel. "Let's Go", par exemple, où Key Glock se présente en entrepreneur du rap, plutôt que de la drogue, est bizarrement construit autour du sample d'un chœur polonais. Comme son nom l'indique, "2 For 1" est composé de deux mouvements distincts. Le très minimaliste "In & Outta Town" comprend des scratches, éléments peu communs dans cette école de rap. Mais pour le reste, apportant selon l'humeur ennui ou satisfaction, c'est la routine.
Key Glock le répète une fois encore sur "Dirt", le très bon titre qui introduit la version originale : tout ce qu'il fait, il l'a appris de Young Dolph. Et d'après le titre suivant, "Work", le fantôme de son maître l'intime de travailler, encore et encore. Alors, c'est exactement ce à quoi il s'emploie. Sur ce Glockoma 2, comme on l'attend de lui, Key Glock fait le job.
PS : ci-dessous, la pochette de la version courte et originale.
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