2019, c'est la grande année de Bris. En plus de sortir un projet collaboratif très appréciable avec son cousin Mac J (un Big Headed déjà acclamé sur ce blog), trois mois seulement après, le rappeur le plus prometteur de Sacramento en propose alors un second, avec un autre talent local, G Man. Et c'est là que l'on trouve le single de la révélation, ce formidable "Buttnaked", première plage de ce très concis 10:42.
Ce titre est un bijou.
Un bijou de minimalisme, bâti qu'il est sur quelques notes et percussions sèches dégainées par le producteur Laudiano. Un bijou de gangsta rap, assez glacial et menaçant pour signifier la sauvagerie des quartiers chauds de la capitale californienne, et néanmoins humoristique. Un bijou de coordination, la voix sourde de Bris et celle plus claire de G Man jouant à merveille de leur ping-pong verbal, de cette complicité que le duo célèbre avec bonheur sur "Blood Brothers".
Excepté un pénultième titre nommé d'après le kick-boxeur Chuck Liddell, tous les morceaux n'ont pas l'impact de ces deux premiers, les deux singles de ce projet commun. Néanmoins, c'est du solide. Bris dévoile ici son potentiel, de sa voix qui se pose comme un murmure sur des compositions faussement tranquilles, autre déclinaison du style californien défendu au même moment par Drakeo The Ruler (constatez donc cela sur le très bon morceau "Ling Ling").
La suite, prometteuse, ce sera un autre single remarqué, "Panhandling", à la fin de l'été. Et puis l'année d'après, en 2020, ce sera la chute en plein vol. Celui dont le vrai nom est Christopher Treadwell sera alors victime de ses rivaux jaloux et il participera à l'effroyable hécatombe qui frappe en ces années tous les jeunes espoirs du rap, sur la Côte Ouest tout particulièrement, ne laissant derrière-lui que des témoignages épars de celui qu'il aurait pu être, dont ce 10:42.
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