En se renseignant sur ce dernier Young Scooter, on peut trouver, au détour du Web, l'avis d'un auditeur circonspect qui se demande comment cet inconnu qu'est pour lui le rappeur d'Atlanta a pu convier ici toute un tas de gens notoires (Future, Young Nudy, EST Gee, NoCap, PeeWee Longway, Money Man), la plupart des artistes signés en major. A la jeune génération, il est donc nécessaire de rappeler que Kenneth Bailey, il y a dix ans pile, était au cœur du jeu.
Il était le comparse numéro un de Future, qu'il secondait sur ses premières mixtapes. Il était affilié à son collectif Freebandz, ainsi qu'au 1017 Brick Squad de Gucci Mane. En plus de côtoyer ces géants, il a fréquenté Waka Flocka et Chief Keef, à savoir les rappeurs capitaux de son époque. Et sa mixtape Street Lottery est un vrai classique de la trap music.
Mais alors, pourquoi Scooter est-il encore méconnu ?
Sans doute parce qu'il n'a jamais varié d'un iota. Parce qu'il a délivré, mixtape après mixtape (il n'a pas sorti d'album officiel), la même formule de base, jusqu'à cette Streetz Krazy au titre comme au contenu totalement génériques, et qui, comme l'ont annoncé les excellents singles avant-coureurs, nous ramène droit en 2013. Pour notre plus grand plaisir.
Le thème ? Dès les premiers mots, il n'y en a qu'un : le monde fou de la rue. Notre homme se met en scène quelque part au milieu de la Zone 6, parmi les plugs, les 'migos et les junkies, en train de travailler dur à faire circuler la marchandise pour se faire de l'argent (la seule chose qui compte, bien sûr). Les paroles, la musique ? Ce sont les mêmes que dix ans plus tôt, aux grandes heures de gloire de la trap music.
La rue, le rappeur clame y être éternellement fidèle. Quand il convie son copain superstar sur "Hard To Handle", c'est pour que Future fasse allégeance au quartier. Il y a même de la nostalgie quand Young Scooter dit reprendre possession du quartier sur "Free Spider", quand il affirme que la rue est de retour et qu'EST Gee invoque le Jeezy de 2003 sur "Come Eat Wit Us", ou quand il bâtit le très bon "Streetz Krazy" autour de l'anaphore "I remember". Je me souviens.
"Trap or die" est toujours le slogan en vigueur, d'après le morceau "Trap It Out". Et cela réussit à Young Scooter. S'il s'essouffle et que sa fin est plutôt médiocre, Streetz Krazy a des titres canon. Quand il a annoncé cette sortie, le rappeur a prévenu qu'elle pourrait devenir l'un de ses classiques, et sur sa première moitié au moins, on n'est pas tombés loin. En cette année 2023 qui a semblé parfois être une période de disette, qu'il est bon de pouvoir compter sur Young Scooter.
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