Le son de cet âge de gloire de la trap music que sont les années post-Flockaveli, c'est eux. C'est Southside, Lex Luger, TM88 et tous ces producteurs associés par l'entremise de Waka Flocka Flame au sein de la 808 Mafia. Ce sont eux que l'on retrouve souvent derrière Gucci Mane, Future, Drake, Young Thug, Juicy J et tant d'autres stars encore, et qui définissent l'arrière-plan musical de la première moitié de la décennie 2010. De la première moitié, parce qu'après cela, tout va changer. La scène d'Atlanta va perdre un peu de sa superbe, une nouvelle génération représentée par Metro Boomin, Pi'erre Bourne et quelques autres prendra leur succession, et le sémillant collectif commencera à se désagréger.
En 2015, en effet, l'un de ses piliers quitte la 808 Mafia. Tout commence avec la mixtape très prisée de Future et DJ Esco, 56 Nights, attribuée presque intégralement à Southside bien que Bryan Lamar Simmons, alias TM88 (ou TM-88, ou encore TrackMan 88), y aurait contribué. A partir de ce moment, le producteur décide de couper les ponts et de voler de ses propres ailes. Il fonde un label, Sacii Lyfe Enterprises, et il sort une mixtape qui se présente comme son manifeste.
Sur Sacii Lyfe, il invite des personnalités actuelles (PeeWee Longway) ou à venir (Lil Uzi Vert) du rap d'Atlanta, une autre au moins venue d'ailleurs (Project Pat), et quelques producteurs lui prêtent main forte, notamment Lex Luger et Metro Boomin. Mais la mixtape est avant tout le terrain de jeu de ceux que TM88 cherche à lancer, des gens tels que PhewSacii, Spiiker, Yung Bzo, MDMA, ce Nephew Texas Boy venu de Houston, et surtout Ethan Sacii, le plus actif.
Cette mixtape est aussi un parfait condensé de son temps, avec ses onomatopées et son Auto-Tune d'époque, avec ses raps frapadingues et éplorés à la Young Thug, avec aussi ses répétitions à la Migos, avec ses références constantes à toutes sortes de drogues, et plus marginalement aux filles et aux stripteaseuses. Elle nous replonge en plein cœur de cette ère, avec la musique lancinante et synthétique du principal animateur du projet, avec sa tonalité électronique à la fois populiste et expérimentale, comme sur "Stylin", et même, encore, quelques tags "808 Mafia" au début des morceaux.
La formule est d'autant plus obsédante que les motifs se répètent souvent, comme avec "Pack In", où Ethan Sacii rappe peu ou prou sur la même mélodie débile que le titre précédent, l'introductif "Came Up", le salut venant des invités.
Et il y a de quoi se satisfaire, sur l'ordinaire de Sacii Lyfe. On y trouve par exemple ce "Bricks" où le son de Memphis rencontre celui d'Atlanta (et pas seulement parce que Project Pat y est convié), ce "Gramz" faussement gentillet où se reconnaît la patte de Metro Boomin, ce "Pill Machine" malsain dont le refrain ("make the pills just to pay the bills") peinera à quitter votre cerveau, et le tout aussi entêtant "Chickens" entonné par Spiiker. Bref, c'est dans l'ensemble une mixtape à retenir et à écouter encore de nos jours, même si ce nouveau départ ressemble parfois, a posteriori, à l'adieu à une époque révolue, la plus faste pour la 808 Mafia.
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