Rien que par ses fréquentations, Raymond Tyson a gagné sa petite place dans la grande histoire du hip-hop. Celui-ci, en effet, a été le compère des premiers temps de 2Pac. Ils ont formé un duo, Strictly Dope, quand ce dernier a débuté sur la scène de la Bay Area. C'est ensemble, aussi, qu'ils ont eu leur moment gangsta, quand alors fauchés, ils ont vendu du crack pendant quelques jours. Un moment peu concluant, d'après le témoignage livré dans le documentaire Dear Mama par celui connu sous le nom de Ray Luv, le très sensible 2Pac n'ayant pas spécialement été taillé pour le métier.
Mais Ray Luv a lui aussi fait carrière en solo. Et celle-ci n'est pas négligeable. La musique, à vrai dire, ne lui était pas tout à fait étrangère, notre homme étant le petit-fils de Cab Calloway. Au début des années 90, il se retrouve donc chez Young Black Brotha Records, le label de Mac Dre et Mac Mall. Il sort alors le EP Who Can Be Trusted?, dont est issu le tube régional "Get Ma Money On!", fait tourner par 2Pac la vidéo du single suivant, "Last Nite", assemble le collectif Link Crew avec Ant Dog et Young Grin, et en 1995 il délivre Forever Hustlin', un premier album distribué en major.
Or, avec le Illegal Business? de Mac Mall et le Black 'N Dangerous de Young Lay, celui-ci est l'un des semi-classiques de Vallejo produits par Khayree. Il contient, en tout cas, tout ce qu'on peut espérer de la mobb music. Ses morceaux funky à souhait remplis de grosses basses, de synthés tournoyants, et qui doivent largement autant à Digital Underground qu'à Dr. Dre, sont doublés de paroles crânes délivrées par un mauvais garnement avec une dose sévère d'arrogance et de sexisme, qu'il nous livre le manuel de l'escroc sur "Definition Of Ah Hustla’", qu'il nous éclabousse de sa supériorité sur "Ride Wit The Luvva Man", ou qu'il livre une pincée de commentaire social sur le conclusif "Cage Bird".
Dès le morceau-titre, "Forever Hustlin'", Ray Luv s'emploie à dresser un énième parallèle entre les dures vies de dealer et de rappeur. Et sur un "Tha Factor" de haute volée, il nous décrit non sans humour la vie de galères et de complications qui l'a mené où il est aujourd'hui. Certes, le résultat de tous ces efforts ne sera pas à la hauteur des espérances. La réussite tant espérée sur l'excellent titre "Bubble" ne sera pas forcément au rendez-vous. Toutefois, avec ce Forever Hustlin' longuet mais plaisant, avec ses hymnes de "playa" ("In The Game"), avec le nécessaire morceau en l'honneur des maquereaux ("I'd Rather Be A Pimp") et, pour ceux qui aiment, avec les guitares mélodieuses de "Luv From Ah “G”" et de "Last Night", Ray Luv mérite qu'on s'en souvienne rien que pour lui, et pas seulement parce qu'il a côtoyé une légende.
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