Rendons à César ce qui est à César. Et César, dans le petit monde de la critique rap française, c'est Pure Baking Soda. Sans lui, nous serions passés à côté de cet album issu de la scène trop sous-médiatisée de la Bay Area. Sans la présence de Breaking N' Entering dans la liste des cent meilleurs albums rap de la décennie passée établie par PBS, celui-ci serait sans doute passé sous les écrans radar ainsi, pour la petite histoire, qu'une poignée d'autres sorties remarquables.
HD, donc, est un rappeur de North Oakland. Dans l'ombre de son oncle et futur collaborateur Che' D Ness, il s'active au micro depuis l'âge le plus tendre, à en croire sa biographie officielle. Il est d'abord apparu parmi les talents assemblés par J. Stalin et Shady Nate avec Livewire Records, puis il a formé le Bearfaced Gang avec Lil' Rue et Henn Sippa, ainsi que le label Bearfaced Music, où cette année encore, il sort sa musique et celle de ses compères. Et c'est au site Web centré sur le rap de la Baie, Thizzler On The Roof, que l'on doit à peu près la seule médiatisation de celui qu'on appelle aussi, pour qu'il soit moins anonyme, HD of Bearfaced.
Breaking N' Entering est son deuxième album, et il est sorti en 2012 après une volée de mixtapes intitulées Extortion Muzik. De tels titres annoncent la couleur. Intitulé d'après un film avec Jude Law et Juliette Binoche, cet opus nous dit deux choses : qu'HD délivre de la musique de délinquant, et qu'il est prêt à entrer par effraction dans le monde du rap. Il nous parle de diverses substances sous diverses formes, d'une rue à laquelle il est accroc pour toujours, d'une vie de combats menée à toute allure selon les codes du gangster, de ces dollars tout verts ornés de présidents morts, de Malcolm X, et des rares sentiments qu'autorise cette existence rude.
Tout album soit-il, Breaking N' Entering est trop long. Il est aussi foutraque et inégal qu'une mixtape, avec de nombreux invités fermement établis autour de la Baie, parmi lesquels The Jacka. Il est rempli jusqu'à la gueule de morceaux de natures variées et de qualité pas toujours égale. On s'appuie tour à tour sur des voix pop ou R&B langoureuses ("Men", "Anquette", "Forever", "4 Da Love"), de longues trainées de synthés (les bons "Life On The Go", "Old As Fuck", "Sittin On Em"), de la chipmunk soul à la Kanye West ("I Represent The Struggle", "We Aint Coming Home Tonight"), des instrumentaux épiques et haletants ("Bricks", le somptueux "Watch Out" de conclusion), de l'orgue chaleureux ("Rob Da Man") et même sur un refrain screwed à la mode de Houston ("Cuttin Hard Up"). C'est dense, c'est parfois de trop, mais beaucoup de ces titres sont des moments forts.
Accordons-le à César.
PS : le classement auquel il est fait référence se trouve ici :
purebakingsoda.fr/?p=6475
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