Retraçons le parcours de DamJonBoi. En 2015, en cette année fondamentale pour l'essor du rap de Detroit, il est apparu au côté d'une autre future figure de la ville, Eastside ReUp, avec How U Love Dat, une mixtape à laquelle une suite fut donnée deux années plus tard. Il a produit ensuite plusieurs autres rappeurs de la ville, notamment Drego & Beno, avec qui il a enregistré "Recipe 2" en 2018, un titre emblématique du duo. Puis l'année suivante, on l'a vu auprès de praticiens du scam rap tels que Kasher Quon, et surtout Teejayx6, qu'il a accompagné sur le manifeste "Dark Web". Et à partir de cette époque, on a commencé à entendre son tag sonore sur à peu près toutes les sorties rap du Michigan.
Au même moment, en 2019 et 2020, DamJonBoi le producteur laisse une place à DamJonBoi le rappeur, sur une ribambelle de sorties sans grandes surprises dans le contexte du rap de Detroit, et néanmoins remplies de bonnes choses : le très bon 7even déjà abordé sur ces pages, avec Coach Joey, The Number 20 (inclus "RIP Icewood", son morceau hommage au père fondateur de cette scène Blade Icewood), Super Sayian, The Lost Files, Life Of A Rap Star, A Whole Nother Whoop, et in fine Paranormal, l'une des meilleures.
Il a beau être court (à peine plus d'un quart d'heure), ce dernier met du temps à démarrer. Il commence avec un "Paranormal" trop mou pour habiller son shit talking à la mode de Flint. Et la plage suivante, "Pitch Black", avec son collaborateur fréquent Trey Trey, est aussi vite oubliée qu'écoutée.
Mais juste après surviennent l'égo-trip au piano de "Consistency", le sample évaporé de "Sayless", le ton menaçant de cet "I Might" où DamJonBoi liste tous les méfaits, qu'en bon gangster, il est prêt à perpétrer, la débauche de sexisme du tournoyant "Energy", puis ce tube qu'est "Restless", qui laisse longuement s'exprimer une nouvelle fois cet instrument, le piano, que le producteur a pratiqué dans ses jeunes années. Soit le meilleur (ou le pire, compte-tenu du contenu) de ce qu'un rappeur peut délivrer, sans jamais vraiment dériver des formules balisées de la scène de Detroit.
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