Après avoir longuement rendu hommage à Young Dolph et à sa clique à la suite de son décès, passons donc de l'autre côté. Penchons-nous à nouveau sur l'écurie rivale, Cocaine Muzik Group, et sur celui qui, encore plus que son patron Yo Gotti, s'est imposé comme l'ennemi ultime et acharné du roi auto-proclamé de Memphis. Blac Youngsta, en effet, ne s'est pas joint aux condoléances quand l'autre a été assassiné.
Un mois jour pour jour après sa mort, il jouait en concert "Shake Sum", un vieux diss track à son encontre,. Et quelques jours plus tard, il rappait devant une tombe au nom de son rival, dans la vidéo du titre "I'm Assuming". Blac Youngsta a même fait pire : parfois, il a joint le geste à la parole. En 2016, avec toute une bande d'hommes armés, il faisait irruption dans le quartier de Dolph. Et un an après, il était inquiété pour cette fameuse fusillade sur le SUV du rappeur à l'issue de laquelle, cette fois, il était sorti indemne.
Ambiance…
Cependant, en marge de tous ces faits divers, Blac Youngsta rappe, aussi. Et il se débrouille. Pour le petit délinquant Sammie Benson, tout commence au début des années 2010, quand en hommage à un ami mort, un certain King Craddy, il se met à organiser de populaires block parties dans la rue McMillan de Memphis, et qu'il délivre les trois mixtapes de la série Fast Bricks. Sorti en 2014, son single "Heavy" connaît un certain succès, et il attire l'attention de Yo Gotti. Celui-ci l'accompagne alors sur un remix, et il le prend sous son aile.
Sortent alors plusieurs mixtapes sous l'étiquette CMG, Blac Youngsta rejoint la major du disque Epic en 2017, et l'année d'après, il sort un premier album officiel avec plusieurs artistes de premier plan (Travis Scott, Chris Brown, Jeezy, French Montana, Lil Yachty, etc.), suivi par deux autres du même acabit et par un projet en duo avec Moneybagg Yo.
Comme souvent, si l'on veut entendre le rappeur dans ses moments les plus affamés, il faut remonter à l'instant clé, celui de l'émergence. Et celui-ci se concrétise par sa première mixtape chez CMG, une très appréciable I Swear To God.
Sortie en 2015, elle est la rampe de lancement par excellence. Après quelques mots d'introduction du parrain Yo Gotti sur le premier titre, l'éponyme "Swear To God", et avant le "CMG" final où Blac Youngsta proclame son allégeance à son nouveau label, se disant prêt à tuer pour lui (sic), il délivre un modèle de gangsta rap chantonné d'époque, avec dedans de beaux moments mélancoliques tels que "One Bedroom House", où il parle de son enfance dans la misère.
Cette mixtape, c'est une plongée dans le son de ces années-là, avec les synthétiseurs emphatiques et le déchainement d'onomatopées de "Bowbowbow", des marmonnements de saison comme au début de "All These Bitches Want Me". C'est aussi une propension marquée, pour Blac Youngsta, à changer la tonalité de ses raps, et à passer en un instant de titres assommés par les drogues tels que le bien nommé "Codeine" à d'autres, plus gaillards et pleins d'entrain, comme "Away From Me", et puis plus tard l'éclatant "Whole Life".
Et, à une chialerie de bad boy près comme "I Remember", mis de côté des "Real Nigga" inutiles, c'est souvent très bon.
Pour enfoncer le clou, une version augmentée de cette sortie y ajoute le tube à l'origine de tout, "Heavy", ainsi que deux titres de Yo Gotti avec Blac Youngsta en renfort, dont un avec Boosie, une influence évidente. Tout cela n'est encore qu'un début. Après, donc, Blac Youngsta refera parler de lui pour de bonnes et de mauvaises raisons. Mais sur I Swear To God, il déroule du pur rap de 2015, dans toute sa splendeur.
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