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YSR GRAMZ - Big Wop

Albums rap

YSR GRAMZ - Big Wop

Une bonne partie de la scène de Flint, en réalité, ne vient pas de Flint, mais d'un district au nord de la ville qui a pour particularité de n'appartenir à aucune municipalité. C'est de Beecher, en effet, que sont issus quelques-uns de ses rappeurs les plus éminents, YN Jay, KrispyLife Kidd et YSR Gramz. Ces trois-là ont d'ailleurs commencé ensemble, au sein de KrispyLife, un groupe dont le dernier cité a d'abord porté le nom, se faisant appeler KrispyLife Quavis, avant de se rebaptiser Quavis Gramz. Puis il a opté pour l'acronyme YSR, quand il a fondé les Yung Sak Runners, avec Driveway Baby, YSR Loski, YSR Pitt, Eightball Tank et Dee Rich.

YSR GRAMZ - Big Wop

YSR Gramz a pour autre spécificité d'être à l'origine du son de Flint. C'est parce qu'il a encouragé Enrgy Beats à lui concocter des beats à la mode de Detroit, que ce dernier en livra sa version, qu'il la popularisa avec Rio da Yung OG et RMC Mike, et qu'il devint le producteur phare de la ville.

Originaire lui aussi de Beecher, Enrgy Beats, secondé par quelques autres (Faided, JXLAN, RX Wanny), accompagne donc naturellement YSR Gramz sur Big Wop, l'un des meilleurs albums (ou mixtapes, on ne sait plus) du rappeur, parmi la pléthore qu'il a sortis ces trois dernières années.

Logiquement, on retrouve ici le rap de Flint dans sa plus simple expression, avec ses ingrédients les plus élémentaires : des rythmes qui crépitent, des basses profondes, des pianos nerveux, des nappes de synthé haletantes, des cloches, et parfois l'écho d'un steel drum. Et le tout aboutit à des moments très intenses, comme par exemple le titre "LSP 4L"

S'y retrouvent aussi des vers déclamés dans l'urgence, avec une voix qui tombe toujours d'un ton à la dernière syllabe. Ces derniers se résument à une succession de phases, parfois sans rapport les unes avec les autres, qui nous emmènent dans une faune de bitches, de plugs et de young niggas, celle qu'on imagine rôder sur Lebeau Street, la rue de YSR Gramz, à laquelle il rend hommage sur l'un des morceaux.

Sans cesse, un danger transparait de son ton pince-sans-rire de gangster, un humour absurde pointe derrière ses menaces, avec ses saillies à la "I only fuck with money I am racist", sur l'ode à l'argent qu'est l'excellent "Da Broke Ones".

Enfin, tout cela est excessivement court. Avec ces morceaux qui dépassent rarement les deux minutes, on n'atteint même pas, quand on les met bout à bout, la demi-heure de musique. Cela rappelle beaucoup un autre genre, à une autre époque : ce punk hardcore américain qui, avec ses outrages, sa concision et sa simplicité, apportait un répit salutaire à un rock grand public toujours plus sophistiqué et plus aseptisé. La musique a changé, Phil Collins et Robert Palmer se nomment aujourd'hui J. Cole et Drake. Et il revient désormais à YSR Gramz et Enrgy Beats, à Beecher, à Flint et au Michigan d'offrir une alternative à ce rap à l'eau.

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