L'homme masqué. Ainsi s'est présenté LD sur ce projet solo de huit titres seulement, sorti en 2018. Et il avait de bonnes raisons de se désigner ainsi. Car si apparaître la figure cagoulée est devenu la norme au sein de la scène UK drill, voire son signe de ralliement, cela vient en grande partie de lui. En 2014, en effet, celui qui se faisait encore appeler Scribz fut interdit pour deux ans de musique et de concert. Qu'à cela ne tienne, le rappeur de Brixton Hill avait alors changé de pseudonyme et il s'était dissimulé le visage pour pouvoir se produire au sein de 67, collectif majeur de cette tendance, celui qui la mit en avant avec le single "Lets Lurk" en 2016. C'est donc masqué, et sous le nom de LD, que le chef de file du nouveau groupe signa en 2015 "Live Corn", l'un des premiers singles emblématiques de la UK drill, et qu'il réapparut en solo en 2018, l'année de son avènement médiatique, après un bref séjour en prison.
Cette courte mixtape, produite principalement par Carns Hill et Show & Prove, avait tout d'un manifeste. D'entrée, dès un "Detention" tout bonnement parfait, l'Anglais s'y posait comme le rappeur authentique, celui dont l'existence violente est en phase avec les paroles, celui que les autres praticiens de la UK Drill se doivent de reconnaître comme un père. Cependant, comme ce sous-genre repose énormément sur la force du clan et sur l'effet de nombre, LD y intervenait rarement seul. Il tirait profit du collectif, comme sur le conclusif "Greaze", avec Monkey, Tiggs Da Author et ASAP, son compère de 67, un titre absolument mémorable avec sa flûte classieuse. Il y proposait plusieurs morceaux minimalistes, imprégnés de menaces et de références aux armes, comme ce "Never Been Safe" habité d'un chœur fantomatique, à la manière du "4 Minutes of Hell, Pt. 3" de G Herbo, ou cet enflammé "Sell Those Things".
Toutefois, avec les morceaux "Part 1" et "Part 2", les plus tranquilles de ma mixtape avec leurs refrains chantés (et pour le premier, une musique empruntée au "Best of Me (part 2)" de Mya et de Jay Z), LD présentait une autre face de sa personnalité de bandit, celle d'un amant rude, mais fort et protecteur. The Masked One partait dans plusieurs directions, il proposait un bon équilibre entre ses titres les plus durs et rythmés, et d'autres, plus mélodiques. Mais en collectif comme en solo, il était un égo-trip permanent, à l'image du single qui l'avait annoncé, "Stepped In". Ici, LD avait convié Dizzee Rascal, la figure de proue de l'ancienne génération du rap britannique, celle du grime, comme pour mieux se placer à son niveau, comme pour nous signifier qu'il jouerait exactement le même rôle, mais pour la nouvelle scène anglaise.
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