Entre la fin 2017 et le début 2018, c'est par un projet en commun avec son camarade Lil Dude que Goonew avait été révélé. C'est grâce à cette sortie intitulée Homicide Boyz qu'il a commencé à se positionner comme l'une des voix les plus originales de Washington et de sa métropole. Or, il y a quelques mois, les deux hommes issus du Comté du Prince George, dans le Maryland, ont remis cela. Avec ce second volume, ils consacrent encore plus leur propre sous-genre musical : un rap parent de la dangereuse, violente et nihiliste drill music, plus menaçant que jamais, mais délivré paradoxalement sous la forme de chuchotements.
Alors que leur précédente livraison comptait des collaborateurs de dimension nationale comme Lil Yachty, les invités de celle-ci, Yung Maaly, Keezah et Big Moochie Sosa, ainsi que les producteurs Cheecho et Mannyvelli, sont tous des proches, qui nagent dans les mêmes eaux que Lil Dude et Goonew. Ces derniers, donc, nous offrent une version pure et parfaite de leur recette. Ils se passent le micro à intervalles réguliers, après de courtes strophes, échangeant des propos comme deux complices mal intentionnés, comme s'ils complotaient et qu'ils nous préparaient un mauvais coup. Comme tant d'autres avant eux, ils nous parlent de meurtre et d'armes à feu, de lean et de Percocet, de belles voitures et de filles bien gaulées, mais sur une musique d'ambiance chiche, relevée à peine par des basses explosives mais éparses, avec une économie d'efforts et de moyens qui incite d'autant plus l'auditeur à se pencher sur le propos.
Homicide Boyz 2, c'est du rap de genre, c'est une formule, mais ça ne s'interdit pas quelques variantes, comme quand Goonew et Lil Dude, accompagnés de Yung Maaly, accélèrent leurs phrasés sur "Dracs". Ils sortent de leur zone de confort quand ils ajoutent à leurs notes de piano habituelles des sons synthétiques d'outre-espace, comme sur "Elite", quand ils tournent franchement ambient sur "HOMICIDEDOUBLEBACK", ou quand ils usent comme motif principal du rugissement d'un lion, sur "Make it Make Sense". Et à l'occasion, tout cela aboutit à des petits bijoux d'épure et de minimalisme, comme dans le cas de l'angoissant titre d'ouverture, "HB2", de l'indolent "Do-Si-Dos", et du single phare de ce projet, le conclusif "Real Steppers".