Birdman est un vautour, il est un vil rapace. Il n'y a rien d'attachant chez le patron et fondateur de Cash Money. Et il n'y a rien de remarquable quand il rappe. Même si lui, contrairement à d'autres rappeurs gangsta, est sans doute un vrai voyou, s'il est un véritable businessman malhonnête, ses paroles ne sont que platitudes. Son numéro de parrain protecteur, la constante exaltation de sa réussite, ne sont que des banalités déblatérées de façon transparente, sans originalité, sans adresse verbale, sans aucun frisson d'authenticité.
Birdman pue la fausseté, le mensonge, la tartufferie, et il n'a pas le talent nécessaire pour maquiller ou pour sublimer tout cela, loin s'en faut. Et pourtant, sa discographie est loin d'être négligeable. Les albums de Bryan "Baby" Williams méritent d'être retenus, tel notamment ce 5 Star Stunna.
L'atout de Birdman au cœur des années 2000, c'est bien sûr Lil Wayne. A cette époque où le "best rapper alive" et son père de substitution se font encore des bisous, la moindre contribution du jeune Carter est une bénédiction. Dans cette période qui sépare les deuxième et troisième volumes de Tha Carter, ce dernier éclabousse de son talent ses mixtapes et collaborations, mais aussi les sorties de son mentor.
Il le montre l'année d'avant avec Like Father, Like Son, un opus à intégrer au panthéon de sa discographie. Et il le fait encore sur cet album solo très comparable. Il est là, ainsi que Rick Ross et Jeezy, sur l'éclatant "100 Million", le single phare de 5 ★ Stunna. Il participe aussi, de façon décisive, au tube réjouissant "Pop Bottles". Jamais à court d'idées, il s'essaie même à un étrange reggae dancehall sur "Make Way".
Lil Wayne, cependant, n'est présent que sur un tiers des morceaux. Et encore, sur beaucoup, sa présence est réduite à la portion congrue, ne dépassant pas quelques mots placés en refrain (et à vrai dire, certains de ces titres en commun, "I Run This" par exemple, n'ont rien de mémorable). Sur 5 ★ Stunna, nous sommes souvent seuls à seuls avec le numéro de don Corleone d'opérette de Birdman, avec ses interludes grotesques de vieux sage du gangstérisme. Mais le patron de Cash Money a une autre botte secrète : la production.
Le synthé, le piano, ainsi que les "no" et les cliquetis d'arme qui ornent l'introductif "Fully Loaded", produit par Kane, sont parfaits, de même que la guitare dénichée par Young Yonny sur "Head Busta", ou cet autre piano haletant sur "I Love My Hood", le rituel hommage au quartier. Même la chanson d'amour macho de "Bossy" est assez jolie. Et sur un autre bonus, "We Gangsta", l'homme-oiseau profite d'autres appuis de choix, avec Yo Gotti et All Star, futur Starlito.
Birdman ne débite que des propos creux, sans la moindre imagination. Pourtant, ça fonctionne admirablement bien.
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