Cela fait près de 20 ans, du côté de la Baie de San Francisco, qu'Aaron Doppie, alias A-Wax, fait parler de lui. Et depuis toujours, depuis son premier album Savage Timez en 2001 jusqu'aux plus récents Demonz N My Bleep et Allegedly, sortis ces derniers mois, sa musique n'a rien de négligeable. Son grand moment, cependant, demeure ce milieu des années 2010 où il délivré un Pullin' Strings remarqué au-delà de ses bases, à coup sûr la grande œuvre de sa carrière. Or, il se trouve qu'en septembre dernier, notre homme a voulu offrir une suite à ce coup de maître, un Pullin' More Stringz qui, pour de bon, n'est pas loin d'être digne de l'original.
D'une certaine façon, on s'écarte du concept original, qui était de ne s'exprimer que sur le son de guitares. Si elles sont toujours très présentes, un piano, accompagné à l'occasion d'une voix évanescente et de rythmes trap mous, pourra tout aussi bien faire l'affaire. La démarche générale, cependant est la même. Par le passé, A-Wax a démontré sa capacité à livrer des bangers gangsta, mais ici, il s'agit plutôt de nous inviter à une longue plongée intérieure, de nous immerger longuement dans une ambiance crépusculaire, traduction musicale du spleen de l'auteur. Pas d'invité ici, pas de morceau particulièrement relevé, mais un long voyage à travers une vingtaine de titres atmosphériques et désespérés, de qualité relativement égale.
D'une façon tout à la fois morne et hypnotique, selon l'état d'esprit du moment, A-Wax délivre des raps perdus d'âme en peine, il déroule les paroles parfois chantonnées d'un gangster fatigué (quitte à jouer de l'Auto-Tune, comme sur le splendide "Prey"), où il est question de confiances trahies, de relations jalouses et d'amours déçus, du sentiment d'être dépassé par le cours des choses, de perte de contrôle sur sa vie et sur son mental, de batailles perdues contre ses démons intérieurs, de la prison qui attend au bout de la rue, de la mort qui menace et qui emporte les amis, d'enfants livrés à eux-mêmes et de fragiles promesses de changement, le tout dans le contexte criminel du deal de drogue. Comme annoncé, tout cela s'avère très proche de Pullin' Strings, et c'est probablement, pour A-Wax, le meilleur album depuis celui-là.
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