Husalah est une légende sur la scène rap de la Bay Area, et chez tous ceux qu'elle fascine. Et contrairement à ses pairs, son collaborateur Mac Dre, et son compère The Jacka, avec lequel il s'est fait un nom au sein de Mob Figaz, il est une légende encore vivante. Mais il est, aussi, une légende plutôt silencieuse. Dès sa sortie de prison en 2009, on avait attendu une suite à son album Huslin Since da 80’s et à "From the Hood", un single devenu populaire alors même qu'il purgeait une peine pour trafic de cocaïne. Mais ce n'est qu'en 2017 que l'arrivée d'un nouvel opus, originellement intitulé MOB Maniac, a fini par se préciser avec l'apparition des singles "M.O.B." et "Protect Your Soul", comme si la mort de Jacka avait remis son ami en selle.
Cet album, intitulé finalement H, Husalah a voulu y mettre les formes. Sur le contenu, c'est comme attendu, principalement, du rap de rue. La criminalité est constamment à l'arrière-plan, comme sur l'introductif "Cyan Stop Me", ou sur "Protect Your Soul", une relecture ghetto du "Bullet Proof Soul" de Sade. Mais la musique, elle, est d'une diversité qui caractérise les albums qui se veulent complets, même si la plupart des registres explorés restent typiques de la Baie.
Le single "M.O.B." (produit par Young L, un ancien de The Pack comme Lil B), est un efficace hymne violent et je-m'en-foutiste, un morceau dansant où s'entend l'héritage hyphy, tout comme "Humpin'", produit par The Mekanix, et "Keep Mobbin'", un titre auquel Jacka contribue de manière posthume. Le doucereux "Just Another", interprété avec cet autre Mob Figaz qu'est Rydah J. Klyde, est une chanson de proxénète. Husalah joue aussi, et même pour l'essentiel, au gangster dépressif. Il le fait sur "Cyan Stop Me", "Mi Encanta", "Cold Outside", "Nyeusi" et "Don’t Die", quand il dépeint, souvent sous Auto-Tune, une vie de délinquant rattrapée par la réalité, une existence prisonnière de la criminalité. Enfin, il faut citer "Pray 4 You", le somptueux titre final typiquement West Coast, le premier single qu'il avait sorti en 2009, juste après la prison.
Mais les influences, notamment musicales, se montrent plus diverses encore sur H. On y découvre des titres à forte base de samples, comme "Second Time Around" et "Miss You So". On entend quelques sons et du jargon jamaïcains sur "Cyan Stop Me". Le monde hispanophone est également présent, quand le rappeur sample le joli standard de musique latine "Cumbia Sobre el Mar", sur "Mi Encanta", ou quand il rappe en espagnol sur "Bad Young Thang". Et "Million Miles", une autre complainte sous Auto-Tune, tire franchement vers la romance R&B. C'est un bon album abouti, qu'Husalah a voulu concevoir ici, son premier véritable, comme il l'a lui-même prétendu, malgré ses vingt années d'activité déjà très riches.
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