Issu de la modeste ville de Mobile, en Alabama, Rich Boy s'est fait connaître en 2006 par "Throw Some D's", un single où il nous vantait les vertus de sa nouvelle Cadillac, achetée bien sûr avec de l'argent mal acquis. Capitalisant sur ce succès, Maurice Richards (son vrai nom) participa l'année d'après aux mixtapes d'artistes notoires (Ludacris) ou en devenir (un certain Drake), et puis, avant d'être relégué en arrière-plan, il sortit un premier album qui se vendit de manière appréciable. La pièce qu'il faut retenir de sa discographie, cependant, n'est peut-être pas celle-là, mais plutôt la seule mixtape qu'il proposa en 2008 pour annoncer la sortie d'un second opus, Break the Pot, lequel mettrait finalement cinq années de plus à voir le jour.
Sur Bigger Than the Mayor, Rich Boy nous entrainait dans un rap d'époque, consacré à célébrer une vie dédiée à dealer de la drogue, à dilapider le fruit de ce commerce dans un luxe tape-à-l'œil, à partir dans de grandes virées en voiture et à honorer comme elle le mérite la noble profession de strip-teaseuse. Pour mener ce projet à bien, il s'entourait de quelques hommes en forme ou emblématiques du moment, comme Yo Gotti, Shawty Lo, Trae, la rappeuse Jacki-O et l'incontournable Gucci Mane. Ce dernier était présent sur trois morceaux, dont un excellent "Ms Pacman" qu'on jurerait échappé de l'une de ses mixtapes (il l'était, d'ailleurs), puisque accompagné par une musique très caractéristique de son producteur historique, Zaytoven.
Ce qui était remarquable avec Bigger Than the Mayor, à une époque où la limite entre album et mixtape ne s'était pas encore effacée, c'est qu'il comptait peu de déchets. Même les morceaux qui n'en sont pas vraiment sont canon, comme cette conclusion où il rend hommage à toutes les scènes rap des Etats-Unis (à commencer bien entendu par celles du Sud). Le premier vrai titre, "Wrist Out The Window", construit autour d'un sample issu du "Freaky Girl" de Guwop, est un grand tube. Le refrain de thugs de "Chevy a Monsta", hymne total au deal de drogue, dévaste tout sur son passage. Le compte-rendu de sa vie de trafiquant sur "Out the Hood", avec l'aide de Yo Gotti et d'un jeune All-Star, futur Starlito, est digne d'un grand Jeezy.
Rich Boy ne décevait que quand il virait grand public, comme avec "Haters Wish", ou "Ghetto Queen", un titre pour honorer le quota de R&B, avec les chants de Lloyd. Pour le reste, c'était carton plein. Sa réédition sur CD, un peu plus tard, concrétiserait la vraie nature de cette mixtape : plus que n'importe quel album, elle aura été le meilleur projet du rappeur de Mobile.
Télécharger cette mixtape
Acheter cette mixtape
Fil des commentaires