Si OJ da Juiceman, jusqu'à ce jour, n'a jamais cessé d'assurer quantitativement parlant, sortant année après année de multiples mixtapes, la fin de la décennie 2000 semble définitivement avoir été son grand moment. C'est en 2007, en effet, qu'il commença à tirer profit de son association avec Gucci Mane, collaborant avec ce dernier sur "Vette Pass By", un tube underground. Et c'est l'année suivante, toujours en compagnie du même, qu'il proposa son premier single, "Make tha Trap Say Aye". Et fin 2008, il occupa le terrain pendant une nouvelle incarcération de son mentor, sortant alors cinq mixtapes en six mois, avec l'appui de DJ stars.
Sortie comme toutes les autres sur son label, 32 Entertainment, Culinary Art School est la plus notable de toutes, en raison tout d'abord des gens qui la parrainent. DJ Drama et DJ Holiday, en effet, la cosignent, dans le cadre de leurs séries respectives, Gangsta Grillz et Holiday Season. Cette sortie est remarquable, aussi, parce qu'elle nous livre le meilleur d'OJ Da Juiceman. Comme le titre l'indique, la concoction et le deal de drogue sont plus que jamais au cœur du propos, un propos propulsé à grands coups de "aye!", de "okay!", de "Young Juice Man, god dammit I'm the shit", les onomatopées et adlibs habituels du bonhomme. Les raps y sont saccadés, les mélodies en forme de rengaines, les synthés tourbillonnants et le rythme si infernal qu'il en est proprement éreintant. Rien de particulier donc, mais que le meilleur, avec des morceaux phares comme "I'm Boomin' And Bunkin'", ainsi que le "Vette Pass By" déjà cité.
OJ Da Juiceman fait feu de tout bois. Il s'entoure des comparses qu'il faut : par exemple Eldorado Red, futur Duct Tape Entertainment, ou Playaz Circle, le duo qui a fait connaître Tity Boi, futur 2 Chainz, sur le très bon "Stupid". Il use de tous les titres efficaces qui lui passent sous la main, notamment deux qui figuraient déjà sur The Movie de Gucci Mane, autre mixtape importante de 2008 : on retrouve en effet l'excellent "Georgia", où notre rappeur se substitue à Gorilla Zoe, ainsi que le "Love For Money" de Willie the Kid, auquel il n'a même pas participé !
Après cette sortie jalon, OJ Da Juiceman connaîtra quelques grands moments. Sa notoriété nouvelle lui permettra de s'illustrer au-delà de la scène d'Atlanta, quand il collaborera avec les New-Yorkais Jadakiss et Swizz Beatz, sur le titre "Who's Real", ou quand Cam'ron prêtera sa voix à une nouvelle version de "Make tha Trap Say Aye". Et quelques autres de ses mixtapes susciteront l'intérêt, comme Alaska in Atlanta en 2009, puis O.R.A.N.G.E., l'année d'après. Mais entretemps, sa place de second après Gucci Mane lui sera contestée par Waka Flocka Flame, la nouvelle sensation du 1017 Brick Squad. Et, sans cesser pourtant d'être prolifique, Otis Williams Jr, l'homme jus d'orange, semblera relégué en seconde division du rap d'Atlanta.
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