Il n’y avait donc pas que Kodak Black à Pompano Beach, dans le comté floridien de Broward. Là-bas, depuis The Koly Bible en 2016, Koly P est un autre rappeur en vue. Et naturellement, il est un proche du premier. L’homme autrefois connu sous le nom de Kolyon a d’abord fait partie de The Kolyons, avec un certain Dirty 1000, un duo auquel Kodak Black a été un temps associée. La première fois qu’il a été remarqué, c’est sur un titre de ce dernier, "My Wrist", sur Heart of the Projects. Et ils collaboraient déjà sur son projet précédent. Mais Koly P vole aujourd’hui de ses propres ailes. Après l’accueil favorable reçu par sa première mixtape, grâce à des titres comme "Rich Gang" et "Gooked Out", il a enfoncé le clou le 18 avril 2017 (jour de son anniversaire), avec une troisième livraison usant elle aussi d’une référence religieuse.
Le changement de statut de Koly P, qui a collaboré avec Future il y a quelques mois, et dont on murmure qu’il pourrait être de la prochaine fournée des XXL Freshmen, se traduit par la présence sur cette mixtape (outre la gloire floridienne JT Money) de Boosie Badazz, qui en a fait son protégé et lui a ouvert les portes de son Bad Azz Music Syndicate. Cette association n’a rien d’un hasard. Koly P, tout comme Kodak Black, est un disciple de la légende de Baton Rouge. Comme eux, il se présente comme un homme de la rue, mais il est aussi un observateur attentif de son milieu. A leur image, il est un voyou invétéré, un irrécupérable (le rappeur a défrayé la chronique en mai, en bastonnant un spectateur qui, à ce qu'il paraît, aurait voulu lui chiper sa chaîne en or), mais sa musique est souvent mélancolique et déprimée. C’est d’ailleurs le cas avec la collaboration que Boosie et Koly P offrent à ce projet, "I Never Knew Nothing".
Parmi des morceaux moins cérébraux comme "Finesser" et "Street Niggas", où les voyous s’autocélébrent entre eux, quelques temps forts de la mixtape explorent cette même veine triste, comme l’introductif "Ugly Truth", ou le magnifique "Dirty Laundry". Ce registre est magnifié par la musique adéquate, sonorités soul sur "Yesterday", guitare sur "Back Again", touches de piano sur "Ball N Chill", chœurs fantomatiques sur "Grain", une musique parsemée perpétuellement de "me!" plaintifs, l'ad-lib du rappeur. A plusieurs reprises, aussi, et de manière aussi prenante, Koly P revisite son parcours. C’est le cas sur "06", quand il revient sur l’année où il a été viré de chez lui par son père, celle des débuts dans la délinquance. Celle peut-être, qui l’a conduit à devenir ce qu'il est : l’un des rappeurs les plus captivants de Floride.
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