Original, Thomas Neil Rodriguez, alias DJ Neil Armstrong, l'a été. Asiatique dans un univers, celui des mixtapes new-yorkaises, dominé par les Afro-américains, le fondateur du collectif de DJs 5th Platoon s'est distingué aussi par l'aspect visuel de ses sorties, régulièrement illustrées par une photo de lui enfant. Surtout, il a investi avec elles un créneau particulier : plutôt que de dénicher des freestyles ou des exclusivités, ce DJ là préférait se concentrer sur les classiques du rap, et partir en quête des morceaux où ils avaient puisé leurs samples, d'où le nom d'original.
Triple Threat Mix Tapes :: 2001
djneilarmstrong.com :: écouter la mixtape
Comme en témoignait la première mixtape de la série, le principe était simple : mettre en regard deux morceaux, le titre rap, et celui d'où provenait son sample, lequel était généralement issu d'une tradition soul, funk et disco (Isley Brothers, Isaac Hayes, Delphonics, Dionne Warwick, Smokey Robinson, Al Green, Marvin Gaye, Rick James, Shalamar, etc.). Et puisque Rodriguez, en bon DJ Américano-philippin, était aussi un turntablist (sa vocation lui est venue après avoir vu les Invisibl Skratch Picklz), il parsemait ses enchainements d'une pincée de scratches.
Sa sélection, aussi, n'était pas agencée au hasard. Il suivait à chaque fois un fil conducteur. Il y avait des passages consacrés tout entier à Notorious B.I.G, à Nice & Smooth, à Biz Markie, au Wu-Tang Clan ou à De La Soul. Il regroupait aussi quelques passages en français, avec le "Cherchez La Femme" du Dr. Buzzard's Original Savannah Band et le début du "Transmitting Live From Mars" de De La. Et il profitait d'un vers de "My Name Is" où Eminem citait Dr. Dre, pour passer aussitôt à "Nuthin' but a 'G' Thang", le titre le plus emblématique de ce dernier.
L'intérêt de ce projet était, à vrai dire, surtout documentaire. Cependant, le travail était conséquent, la mixtape bien construite, et sa sélection, qui ne contenait que des titres connus et éprouvés, globalement délectable. Elle offrait une bonne rampe de lancement à un DJ que l'on verrait, plus tard, accompagner Jay-Z en tournée et jouer des platines à l'investiture du président Obama. Toujours avide d'expériences, DJ Neil Armstrong conciliera aussi ses deux passions, la cuisine et la musique, en lançant des soirées dédiées à ces deux plaisirs, les Dinner & A Mixtape, organisées à l'échelle internationale. Quant à la série des Original, elle bénéficiera 10 ans après d'une réédition de luxe, augmentée de quelques pièces plus contemporaines, par exemple des titres de Drake et de Chris Brown.
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