Alors que 2016 touche à sa fin, il est bon de passer en revue les nouveaux visages qu'elle nous a révélée, et de choisir ceux dont on voudrait se souvenir. Parmi eux, figure celui de Travon Smart, un jeune homme issu de Pittsburgh, Pennsylvanie, et que le succès du single "Elm Street" a précipité cette année sur les écrans radar, sous le nom de Jimmy Wopo. D'abord coopté par les rappeurs stars de sa ville, Mac Miller et Wiz Khalifa (il est affilié au Taylor Gang de ce dernier), il a aussi été vanté par Mike Will et s'est produit sur scène avec ses créatures Rae Sremmurd, il a collaboré avec Sonny Digital, puis il a partagé le micro avec Riff Raff et avec une autre valeur montante, 21 Savage, dont il a par ailleurs remixé le "No Heart".
Avec ce dernier, il incarne la tendance la plus ténébreuse de la nouvelle génération rap, en phase avec son passé fait de scolarité décousue, de vente de drogue et de violence (il s'est fait tirer dessus au moment même où il peaufinait "Elm Street"), tout autant qu'avec sa musique tendue. Articulée le plus souvent autour de notes de piano nerveuses, et plus rarement autour de nappes oppressantes, celle-ci sert au mieux son registre gangsta impénitent, délivré avec le cœur dur d'un jeune qui brûle la vie par les deux bouts et qui sent que la fin peut survenir à toute heure.
Sa première mixtape, sortie pendant l'été 2016, rend parfaitement compte de cela. Après y avoir exposé son style de vie de manière menaçante sur "Big Pimpin'", il passe en mode paranoïaque sur le très bon "Ayo". Le titre suivant, "Back Door", sa collaboration avec Sonny Digital (présent ici dans son rôle de rappeur), est une sorte d'égo-trip gangsta, dont le refrain se réapproprie le "What Happened to that Boy" de Birdman et Clipse. "Drinkin' Dope" est ce que son titre signifie, une ode à la défonce. "Elm Street", décidément redoutable avec son piano minimaliste, ses sons électroniques, ses vers courts et sa voix qui s'étrangle en crescendo, relate son entrée en délinquance. Et ainsi de suite, jusqu'à la fin.
Rien de cela n'est vraiment neuf, mais Jimmy Wopo y met les tripes et la manière. Grâce à sa courte durée, celle d'un EP 8 titres de 20 minutes, grâce aussi à l'urgence et à la fougue de ses 19 ans, le rappeur maintient sur Woponese, d'un bout à l'autre, une intensité totale. Il reste à voir combien de temps il gardera ce rythme, en commençant l'examen avec son deuxième projet de l'année, un Trapanese sorti en novembre avec Hardo, autre valeur montante de Pittsburgh.
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