Mozzy Records :: 2016 :: acheter le disque
Et maintenant que Mozzy est connu au-delà de sa ville, il en fait profiter d'autres gens de son entourage. A ces compères (dont certains sont de sa famille), il offre même son nom, parfois, puisque l'on croise à ses côtés un E Mozzy et un Hus Mozzy, et que plusieurs de leurs sorties se font sur Mozzy Records. C'est le cas par exemple de cet album, la suite d'un premier Still da Same Nigga sorti dans l'indifférence en 2014. Proposé par l'un des plus proches collaborateurs de notre homme, Celly Ru, elle décline la formule désormais associée à la scène de Sacramento et au quartier d'Oak Park. C'est comme une extension du son de la Bay Area, mais en plus dur, en plus violent, en plus glacial. C'est une musique qui rend compte de l'expérience des gangs, mais avec une distance et une froideur cliniques, illustrés au-delà du cadre rap, par une vidéo récente où l'on voit E Mozzy extirper une balle de son abdomen, à mains nues et avec un calme olympien.
C'est en effet sur un ton neutre, avec le renfort de nombreux rappeurs locaux (Mozzy et E Mozzy en tête), que Celly Ru proclame son appartenance aux gangs ("Strictly 34") et sa fidélité à ses proches ("All In"). C'est avec le même recul qu'il déclare son amour à son dealer ("Love My Plug") ou, au contraire, son indifférence envers les femmes ("Slide"), qu'il compte son argent ("Checkin My Count"), qu'il expose les tragédies qu'il a connues dans la rue ("Seen Alot") et qu'il se montre finalement pas tout à fait imperméable à la douleur ("Stranger 2 da Pain"). Quant à la musique, elle est déclinée sur le même mode. Elle est détachée, et généralement midtempo, ce qui n'empêche pas plusieurs titres, "On Sight", "Strictly 34", "I Can't Tell" et "Switch Sidez" par exemple, de se démarquer, et de prouver que la scène de Sacramento ne saurait donc se résumer au seul Mozzy.