L'heure de gloire de Jeezy, est sans conteste 2005, quand il sort sa mixtape (classique) Trap Or Die, puis l'album de son groupe Boyz N Da Hood, et enfin son solo (classique) Let's Get It: Thug Motivation 101. Il est le rappeur le plus important de cette année-là, point barre. Mais la suite de sa carrière a aussi ses grands moments, notamment cette phase de 2009 à 2012, quand, de Trap Or Die Part 2 à It's Tha World, il propose quelques-unes de ses mixtapes les plus appréciées.
Parmi celles-ci, figurent les deux volets de The Real Is Back, sortis en mai et septembre 2011, et produits pour l'essentiel par Lil Lody. A l'origine, ces mistapes se destinent à faire monter la sauce avant un nouvel album, le dernier de la trilogie des Thug Motivation, Hustlerz Ambition. Mais aujourd'hui, il se trouve qu'elles ont mieux vieilli que cet opus.
Le second The Real Is Back, sorti comme l'autre dans la série des Gangsta Grillz de DJ Drama, est le plus digeste. A cela deux raisons. D'abord, il est court, se limitant à onze titres et à trois quarts d'heure. Ensuite, et surtout, il contient des uppercuts trap qui font bien mal, comme ce "Trump" où il s'identifie à la personnalité homonyme, ce "Chicken No Flour" qui s'attaque au cœur du sujet, la drogue, ce "Bandana" qui s'ouvre sur ce vieux cliché efficace qu'est la rafale de mitraillette, et le dévastateur "Grizzly".
Pour le reste, c'est toujours du Jeezy. Le parrain de la trap music n'aura jamais changé sa formule. Dès le début, il s'emploie à répéter ce qui, au fil de ses sorties, a toujours été son leitmotiv : qu'il est le voyou le plus authentique du rap game, qu'il est un dealer plutôt qu'un vrai rappeur ("I was a boy in the 'hood before I ever knew Puffy"). Et il le répète encore dans un finale au beat plus doux, "Real Nigga Anthem", dont le but est de se démarquer des imposteurs.
L'autre particularité de cette sortie, c'est que Jeezy y met en valeur un rappeur alors en pleine ascension, et qu'il vient de recruter chez CTE : Freddie Gibbs. Ce dernier, en effet, partage la vedette avec son nouveau mentor sur quatre titres, "Gotta See This", "Rough", "Nicks 2 Bricks" et "Sittin' Low", supplantant d'autres invités dont Birdman et Yo Gotti sont les plus illustres. Et les raps rapides, précis et maîtrisés du natif de l'Indiana complètent à la perfection les râles d'ours blessé du Snowman d'Atlanta, lesquels jaillissent, comme toujours, des profondeurs douloureuses d'une gorge en feu.
Car au fond, même si en 2011, Jeezy n'est plus tout à fait "Young", et qu'il n'est plus le patron de la trap music, ayant été détrôné les années d'avant par son rival Gucci Mane, il est toujours habité par la même faim, par la même flamme.
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