Depuis quelques mois, Travi$ Scott nous est présenté comme l'un des next big things du rap. Le magazine XXL l'a inclus dans sa fameuse liste des freshmen, millésime 2013. Il est le protégé, non pas d'un seul, mais de deux poids lourds du hip-hop, Kanye West, qui l'a signé en tant que producteur sur G.O.O.D Music, et T.I., qui l'a enrôlé sur Grand Hustle Records, en qualité de rappeur. Et sur sa première mixtape, annoncée de longue date, repoussée, et finalement disponible depuis le printemps 2013, le natif de Houston ratisse large, très large, invitant aussi bien Toro y Moi et James Fauntleroy que Lex Luger, en plus d'une grosse poignée de rappeurs célèbres, T.I., bien sûr, mais aussi 2 Chainz, Wale, Paul Wall et Meek Mill, entre autres.
Bref, c'est du lourd. Sur le papier, tout comme sur pièce.
Sur Owl Pharaoh, en effet, Travi$ Scott nous propose des morceaux qui cognent, des hymnes rugissants taillés pour les stades. Il y a "Upper Echelon" bien sûr, sa carte de visite, son morceau de bravoure, un tube certifié enregistré avec T.I. et 2 Chainz (lequel est curieusement coupé sur la mixtape). Dans un style voisin, tapageur et rutilant, avec explosions à l'appui et un autre invité célèbre, Wale cette fois, "Quintana" n'est pas mal non plus. Quant à "Dance On the Moon", avec Paul Wall, et "Bandz", avec Meek Mill, ils oscillent entre l'efficace et l'impardonnable. A multiples reprises, on retrouve ces synthés étincelants et ces influences dancehall (patentes avec le refrain de Popcaan sur "Blocka La Flame") qui cherchent toujours, et parviennent parfois, à impressionner. Cependant, Travi$ Scott ne fait pas que des tubes pompiers. Il donne aussi dans l'expérimental, comme avec l'ambient gothique de "Meadow Creek", les différents mouvements de "Bad Moon/Shit on You", le bizarre "Chaz Interlude" avec Toro y Moi, la fin électronique inattendue, voire incongrue, de "Uptown", les tambourins et les chants étranges en introduction de "Hell of a Night", ainsi que la voix trafiquée de "Naked".
Parmi ses parrains, c'est de Kanye que Travi$ Scott est stylistiquement le plus proche. On retrouve chez cet autre rappeur-producteur le même mélange contre-nature de flamboyance, d'expérimentalisme et de démagogie ; la même manière de brouiller les pistes, de sauter du coq à l'âne, de manger à tous les râteliers ; de prendre l'auditeur à contre-pied, de l'amener dans les directions les plus inattendues, de tenter des choses, quitte à souvent les rater ; de livrer des bangers dont on ne sait jamais s'ils sont géniaux ou du plus mauvais goût.
Il faudra d'autres albums pour déterminer si Travi$ Scott est plus qu'un clone, qu'une ombre ou qu'un pétard mouillé, s'il est vraiment l'espoir que d'autres ont vanté et annoncé. Mais pour l'instant une chose est sûre : aussi bancale soit cette mixtape, il y a des tubes sur Owl Pharaoh.
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