'Tech ne deviendra jamais mainstream
c'est le mainstream qui deviendra Tech
Prononcés par l'exubérant rappeur de Kansas City sur "Love Me Tomorrow", ces quelques mots sont confirmés par le disque dont ce titre est issu. All 6's And 7's, en effet, est l'album de la consécration pour Tech N9ne. Boosté par les déclarations d'un Lil Wayne, qui prétend ne rien souhaiter davantage que de collaborer avec lui, il connaît avec ce disque un succès critique et public sans précédent, et consacre des années d'une ascension lente mais irrésistible, effectuée en indé à partir de son petit empire, le label Strange Music.
Tech N9ne y est donc presque arrivé, et pourtant, il n'a pas beaucoup changé. C'est en tout cas le propos de ce "Love Me Tomorrow" où il invite ses fans à ne pas se détourner de lui, sous le seul prétexte de son succès. Et il a bien raison.
Malgré sa tentation mainstream, All 6's And 7's est comme ses autres albums. Comme toujours, le rappeur y déploie son flow versatile et expressif, sa voix de possédé qui porte, ses beats musclés qui s'accommodent pourtant des chants et des mélodies. Il y affirme son goût pour l'électronique qui pulse, tout comme son penchant pour le metal, quand il invite les Deftones sur "If I Could", et qu'il insère des guitares mordantes sur "Worldwide Choppers" et "So Lonely".
Comme ceux d'avant, ce disque est dense. Il est gras, salé, sucré, à l'extrême limite du surplus. Surplus d'invités, notre homme ratissant large, conviant autant de stars et références d'aujourd'hui (B.o.B., Kendrick Lamar, Jay Rock, Yelawolf), d'hier (Lil Wayne, T-Pain), d'avant-hier (Snoop Dogg, Busta Rhymes) et de toujours (E-40), que de jeunes pousses et d'illustres inconnus, allant chercher des collaborateurs aussi loin qu'au Danemark (U$O) ou en Turquie (Ceza), et dénichant ses beats auprès d'une bonne dizaine de producteurs.
Surplus de fureur et de vitesse, également, avec ce rap surpuissant et cette passion pour les flows supersoniques célébrée sur "Worldwide Choppers" par des spécialistes internationaux du genre, Twista en tête. Surplus de thèmes, aussi, le rappeur nous parlant aussi bien d'insanité mentale ("Am I a Psycho?"), d'amour pour la musique ("I Love Music"), que de sexe ("Fuck Food", "Overtime", "Pornographic") ou de sa maman ("Mama Nem"), et s'interrogeant sur son parcours ("Strangeland", "Promiseland"), sur son image ("Delusional") ou bien sur son succès ("So Lonely"), en plus de se livrer aux rodomontades attendues ("He’s A Mental Giant").
Surplus de longueur, enfin, notre homme exploitant la longueur maximale d'un CD avec les vingt-quatre plages de ce disque, interludes inclus, pour une durée de plus de soixante-seize minutes. Tech N9ne, cependant, doit être le seul rappeur capable de tenir aussi bien la distance. Qu'il nous offre des hymnes comme "Technicians", ou des titres moins imposants, il n'y a quasi aucun temps mort sur All 6's and 7's. Avant la sortie de cet album, le rappeur avait prévenu : il avait dit vouloir en faire le plus grand et le plus dingue de ses disques. Et il n'est pas loin d'y être parvenu.
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