Sensation de l'année 1998 dans l'underground rap de Los Angeles, grâce à l'album 2000 Fold, les Styles of Beyond ne sortaient pas tout à fait du néant. Ryu (le Blanc) et Takbir (le Noir) avaient déjà été désignés Best New Artists l'année d'avant par le Wake Up Show. Alors proches de Mike Shinoda, la future star de Linkin Park, ils étaient parrainés par Divine Styler, qui produisait certains de leurs titres et signait la pochette de ce premier album. Et s'ils s'étaient liés à cet artiste halluciné issu du Rhyme Syndicate, c'est sans doute parce que le grand frère de Tak, Bilal Bashir, avait été un producteur historique du collectif monté par Ice-T.
Bilawn / Mammoth :: 1998 :: acheter cet album
Si à l'époque, 2000 Fold a marqué les esprits, c'est qu'il apportait aux puristes de la scène rap indépendante tout ce dont ils étaient friands, en cette fin des années 90. Ils optaient pour une thématique urbaine, pour une attitude hardcore et paranoïaque issue du rap de rue qui les avait précédés, mais agrémentée d'une science-fiction d'époque, très X-Files, comme avec ce "Gollaxowelcome" qui lançait une invitation aux aliens. Niveau musical, ils nous offraient un hip-hop sombre, qui jouait du contraste entre les flows rapides et acérés des deux MCs, manifestement très à l'aise avec leur art, et des ambiances quelquefois cinématographiques.
Ces compositions, le duo les assénait de samples évidents, qu'ils soient empruntés à des grands anciens du rap new-yorkais (Black Moon et Organized Konfusion sur "Hollograms", EPMD sur "Killer Instinct", Eric B and Rakim et Mobb Deep sur "Dangerous Minds", A Tribe Called Quest sur "Easy Back it Up") ou à une célèbre formation pop rock (Depeche Mode sur "Marco Polo"). Enfin, avec les raps ou à travers les interludes, les autres disciplines du hip-hop étaient représentées, turntablism avec les DJs Rhettmatic (des Beat Junkies), Cheapshot et Revolution, et même beatboxing avec le "Click Beat Box" mené par Click Tha Supah Latin.
Disque parfait pour les backapackers de cette fin de siècle, 2000 Fold n'échappait pas toujours à l'ennui. Mais il n'était pas monolithique pour autant. Le hip-hop de Ryu et de Tak savait se faire apaisé sur "Winnetka Exit", exotique avec les chinoiseries de "Part II (Endangered)", voire dansant, sur "Easy Back It Up" et sur un "Muuvon" vaguement old school. Le duo savait surtout, sur les irréprochables "Killer Instinct", "Spies Like Us" et le guerrier "Survival Tactics", livrer quelques moments forts qui marqueraient fortement la bande-son rap indé de l'époque. Le revivaliste Joey Bada$$ s'en est d'ailleurs bien souvenu, il y a une année de cela.
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