C'est l'un des grands apports d'Internet au hip-hop. Permettre à ce qui a toujours été la condition d'un bon morceau, un accord parfait entre un rappeur et son producteur, de s'effectuer sans que les deux aient besoin de se voir tous les quatre matins. C'est grâce à lui que peuvent être réalisés désormais des objets tels que ce Promethazine Elevator, un EP sorti dans le courant de 2012 par Opposition C, un rappeur de Jacksonville, Floride, avec le concours de Koursky Lion, un beatmaker bien de chez nous, domicilié en Loire Atlantique. Un océan sépare ces hommes. Et pourtant, cela ne les a pas empêché de collaborer avec efficacité.
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Ca colle bien, en effet, entre l'Américain et le Français. D'un bout à l'autre, le rap nasillard et narquois du premier, qui cuisine l'habituelle thématique drugs, bitches & me avec de fortes doses de dérision et quelques pincées d'humour noir, s'accommode à merveille de la musique cinématique et lancinante du second, de ces beats qui ne dépareillent pas à l'ère du cloud rap, imbibés qu'ils sont de nappes sorties de synthés antiques, d'effets gothiques (l'orgue et les cris de film d'horreur sur "Revela"), avec en plus, à l'occasion, pour alourdir l'ambiance encore davantage, des voix à la mode chopped & screwed ("Revela", "Gold Noose").
A l'exception peut-être du soutenu "1ONE1" introductif, Il n'y a pas vraiment de tube, sur The Promethazine Elevator. Evoquant les sorties récentes, par exemple, d'un Nacho Picasso, les titres sont bien trop lents et trop atmosphériques pour cela. C'est plutôt un disque à l'ancienne, à apprécier dans son ensemble. Aussi, certains pourront-ils se fatiguer du flow trainard du Floridien, et du côté "formule" de la production. Pourtant, d'un bout à l'autre, avec le dégoût de soi qu'Opposition C exprime avec éloquence sur "Glitch", rien qu'avec les instrumentaux de "Elevadar" et "Gold Noose", et jusqu'à cette conclusion qui recycle le "The End" des Doors, Opposition C et Koursky Lion, ne proposent rien que du prometteur.
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