Au début des années 2000, il devenait de plus en plus ardu de se repérer dans l'underground hip-hop. Celui-ci était sans cesse plus effervescent, il était inondé par des productions indépendantes dont il était de plus en plus difficile de connaître la genèse et le pédigrée. Heureusement, parfois, des compilations nous livraient la synthèse de telle ou telle scène, de tel ou tel label, de telle ou telle communauté d'artistes, nous indiquant s'il valait ou non la peine d'y jeter une oreille. A Jeep Jack Affair, par exemple, a été l'une d'elles, attirant le regard de quelques privilégiés vers un label au nom ingénieux, Record Company Records.
Record Company Records :: 2000 :: album indisponible
Fondé en 1999 par deux étudiants de la région de Boston, le rappeur Microft Holmes, ici présent sur sept morceaux, et Jeep Jack, le beatmaker qui pilotait et produisait l'ensemble de la compilation, le label se revendiquait de quelques héros underground, comme MF Doom et The Grouch des Living Legends, mais aussi, plus singuliers, des compositeurs de BO Lalo Schiffrin et Angelo Badalamenti.
Impossible, pourtant, en dépit de ces influences ciblées et de beats presque tous signés Jeep Jack, de décrire le son du label. La compil' passait d'une irrésistible ode au printemps (le "Springfever" d'Elation), à du rap haletant ("The Run", "Jesse Kean", "A Genevan Import"), sombre ("A Horseride Through...") ou introspectif ("Dramamine"), puis à du hip-hop electro ("Transformer 2000"), old school ("As Crazy as I Want to Be") ou plus conventionnel ("Cabin Fever", "Dragon Tears").
Histoire de brouiller davantage les pistes, la compilation se fendait même avec Silk Vision d'un exercice R&B réussi ("Crazy You"), produit par un groupe, The Armada, qui donnait habituellement dans le rock indé. Varié dans les sons, A Jeep Jack Affair réalisait cependant l'exploit d'être relativement constant. Quasiment tous les morceaux précédemment cités étaient des merveilles, de même que le bien nommé "Remarkable Rap" et que le hip-hop sans répit de "Anonymous 2000".
Et il était clair, à écouter des bijoux comme "The Run" (futur single du label), "Jesse Kean", le surprenant "A Genevan Import" (produit par Tenjin, du groupe Suisse Liquid Dimensions) et l'étrange "To See What Occurs", que Microft Holmes, avec rap habité et sur-articulé à la Aesop Rock, avait un énorme potentiel. Sa carrière, malheureusement, ne connut pas de suite, son label peinant à se faire connaître dans un marché et sur une scène sursaturée de nouveaux talents.
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