Gucci Mane avait promis pour 2013 une pluie de mixtapes, et il a tenu parole. Depuis janvier, et malgré quelques péripéties para-musicales, Guwop a apporté des suites à ses Trap Back, Trap God et Trap House des années précédentes, sorti des projets communs avec PeeWee Longway, Young Dolph, Young Scooter et JT The Bigga Figga, livré d'un coup les trois World War 3, et j'en oublie sans doute. Difficile de se tenir à jour, il faut dire. Difficile aussi de distinguer une sortie l'une de l'autre, chacune apportant une dose comparable de tubes et de remplissage.
Quand est sorti Trap God III (ou Diary of a Trap God) en septembre, après cette grosse fournée, on frisait donc l'indigestion. Qui plus est, cette mixtape inattendue faisait irruption après un énorme pétage de plomb. Sur Twitter, le rappeur venait tout juste de s'en prendre à une foule de gens, de Nicki Minaj aux membres de son propre collectif, le Brick Squad, Waka Flocka (et sa manageuse de mère) en tête, provoquant un tonnerre de réactions, avant de faire marche arrière, de prétendre s'être fait hacker son compte par son ancien manager, puis de récidiver avec un single, "Stealing" qui s'en prenait à nouveau à une poignée de rappeurs d'Atlanta…
Sabordage ou stratégie promotionnelle ? Difficile de trancher avec cette énigme psychiatrique qu'est Radric Davis. Tous ces remous, cependant, ne changent rien au jugement suivant : riche d'une équipe de producteurs qui réunit la crème de la trap music (Zaytoven, Lex Luger, Southside, Drumma Boy, DJ Mustard, Mike Will Made It, The Honorable C Note), d'une jolie brochette de rappeurs (E-40, Wiz Khalifa, Plies, Tyga, Young Dolph, Chief Keef, Trinidad Jame$, Rich Homie Quan, OG Boo Dirty, OJ Da Juiceman, Young Scooter, Young Thug et… Waka Flocka), et même de Marilyn Manson sur "Pussy Wet", Diary of a Trap God pourrait bien être sa mixtape de l'année. Rien de plus logique, puisqu'elle aurait due être un véritable album, d'après le principal intéressé (mais peut-on encore prendre ses propos pour argent comptant ?).
On ne s'ennuie presque jamais sur les 23 plages de cette mixtape. Certaines sont même particulièrement gratinées : la déclaration d'égocentrisme absolu de "Me", par exemple, ou la collaboration avec E-40, consacrée au nabab colombien de la drogue Pablo Escobar. Quelques tubes qui cognent fort sont proposés aussi, comme "Choppers", sans doute l'une des dernières collaborations entre Gucci et Waka Flocka, un "All The Bitches" qui tape en compagnie de Chief Keef et d'OJ the Juiceman, et "Stash House", avec le dernier rappeur cité encore une fois.
Mais les plages les plus marquantes et les plus cocasses (a-t-on déjà souligné à quel point les paroles de Gucci Mane étaient drôles ?) sont celles consacrées à la gent féminine. C'est là que le rappeur tire le meilleur profit du côté faussement naïf de ses chantonnements et de ses petites mélodies, notamment avec "I Heard" et "She A Soldier", tous deux avec Rich Homie Quan, et surtout avec l'incroyable "Virgin", le titre le plus hallucinant de la mixtape, catapulté très haut par le couplet passablement surexcité d'un Young Thug au zénith de sa forme.
Young Thug, comme Young Scooter et OJ the Juiceman, font tous des interventions décisives sur Diary of a Trap God, ils contribuent à quelques-uns de ses meilleurs moments. Comme quoi, Gucci Mane pourra bien se fâcher avec la terre entière, tant qu'il saura se sortir des cases prison ou hôpital, il lui restera toujours les ressources personnelles et les renforts adéquats pour garantir que ses mixtapes se distinguent autrement que par leurs records de productivité.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://www.fakeforreal.net/index.php/trackback/2036