Jesus Malverde aurait été, à l'origine, un bandit mexicain, tué par les autorités du pays en 1909, peu avant la Révolution. Son existence n'est pas avérée, mais il est devenu, au fil des ans, une légende. Paré d'une réputation de Robin des Bois, représenté sous des traits christiques, il a peu à peu fait l'objet d'un culte. Des miracles lui ont été attribués et, en marge du catholicisme, il est devenu un saint, celui des malfaiteurs et des trafiquants de drogue, dans les bas-fonds du Mexique, comme chez les Latinos installés aux Etats-Unis.
En plaçant sa dernière mixtape sous le patronage de ce personnage, se représentant lui-même sous les traits du hors-la-loi mexicain, A-Wax annonce la couleur : il ne sera question ici que de trafics, d'addiction, de stupéfiants, de guerres des gangs et de copines utilisées comme mules. Et pour que ce soit plus clair encore, le rappeur de Pittsburg, sur la Baie de San Francisco (qui a lui-même un passé judiciaire chargé), fait jouer ses relations avec le Brick Squad, conviant rien de moins que Gucci Mane, Waka Flocka et Southside à le seconder, histoire de s'inscrire pleinement dans le trap game, les autres invités étant DJ Paul, Compton Menace, Ca$his le protégé d'Eminem, et les beatmakers Cardiak et Loud Pack.
Et dans le genre, ça dépote. Ses titres sont fiers, claironnants et remplis de refrains addictifs dont les messages sont à sens unique : "I am just selling dope" sur "Work", "I am a Pyrex boy, keep it cooking" sur "Pie-Rx Boy". Les synthés fanfaronnent, ils cognent, comme sur "On Sight", ils sont enlevés, comme sur "Gun Range". Les sirènes sont de sortie, aussi, sur le remix de "Make Room" et sur "Work", ses collaborations respectives avec Gucci Mane et Waka Flocka.
Mais parfois, aussi, A-Wax respire, comme avec la suite de plages atmosphériques, "Gone Fishin'", "Her Mistakez", "Selfish" et "The Shooter". Quant aux morceaux les plus douteux, par exemple ce "One More Time" construit sur le tube homonyme de Daft Punk, ils se montrent plutôt rares.
Bref, avec ce Jesus Malverde jamais hors-sujet, et musicalement presque toujours juste, A-Wax nous offre le meilleur de la trap music d'Atlanta, mais à la mode californienne.
C'est bien que tu parles de cette tape, elle est très réussie, je croyais être le seul à pas être passé à côté :)