Rappeur latino, jeune et tatoué de partout, domicilié à San Francisco et vouant un culte à Mac Drehttps://www.fakeforreal.net/admin/index.php?process=Post&id=1868, Roach Gigz est un pur produit de la Baie. Héritier de la scène hyphy, il s'est illustré ces dernières années par ses mixtapes, notamment les deux éditions de Roachy Balboa, en sachant ajouter au party rap ce qui lui manque souvent : du songwriting, du talent au micro, un vrai sens de l'humour et de la punchline. On en a connu des blancs-becs comme lui, affolant la webosphère avec leurs mixtapes, mais incapables de confirmer sur leur premier album. Roach Gigz, cependant, ne commet pas cette faute ; c'est même tout le contraire. Avec Bugged Out, il nous livre un vrai disque accompli, varié, solide d'un bout à l'autre.
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Les morceaux efficaces qu'on était en droit d'attendre sont là, enjoués, électroniques, dansants, déclamés avec assurance de sa voix aigrelette et remplis de propos explicites dans la vieille tradition de la Bay Area. Remplis d'une énergie juvénile débordante, l'hymne bondissant "Wasabi" et l'électrique "Going Off" sont de ceux-là, de même que "Loco", "Different", "One" et le jubilatoire "Thanksgiving Turkey", où notre rappeur tête-à-claque bénéficie du renfort de J. Stalin.
Le mérite de Roach Gigz, toutefois, est de n'avoir pas tout misé sur des bangers, comme en témoigne ce petit modèle de storytelling qu'est le sautillant "Regular Night". En fin de disque, le rappeur adoucit le rythme, apportant à l'album des espaces, des mélodies, de la respiration, et du même coup certains de ses meilleurs titres. Cela débute avec la virée en ville de "Me and My Gin", qui confine au cloud rap, et se poursuit avec l'intime "Over the Bass", puis avec les nappes et le chant soyeux de Khan sur "Ova", qui répond aux chœurs de 1-O.A.K. sur deux autres titres, avant qu'on atteigne l'apogée avec le somptueux "Laid Back".
Interrogé sur la genèse de l'album, Roach Gigz a affirmé avoir voulu le peaufiner et le perfectionner. Il en a réenregistré une bonne moitié, qu'il jugeait imparfaite. Il a créé les titres qui lui plaisaient, ne se fiant qu'à son goût, sans essayer de se projeter sur ceux du grand public. Ce n'est pas toujours la méthode conseillée pour vivre confortablement de son art, mais de tout temps, c'est la meilleure pour livrer une vraie jolie œuvre aboutie, comme le démontre encore ce Bugged Out.
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