Ancien breakdancer passé aux raps et cornaqué par Russels Simmons, Kurtis Blow aura été la première star du hip-hop : il aurait été l'un des premiers à sortir un disque de rap, si le "Rapper's Delight" de Sugarhill Gang et quelques autres n’avaient pas coiffé son "Christmas Rappin'" sur le poteau ; l'un des premiers à avoir eu un disque d’or, avec l’épique "The Breaks" ; le premier à signer sur une major, Mercury ; enfin, et surtout, le premier dans le rap à avoir sorti un album.
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Album, Kurtis Blow ne l’était pourtant pas tout à fait. Le disque cherchait surtout à faire fructifier le succès du fameux "The Breaks" en l’accompagnant de titres bouche-trous, pas à être une œuvre consistante. Et il n’était pas encore tout à fait rap non plus. Au début de l’ère du hip-hop enregistré, il n’était pas encore concevable qu’un album puisse être fait exclusivement de ce phrasé nouveau, scandé, rythmé et saccadé. Aussi celui-ci se terminait-il par deux titres étonnants : un "All I Want in This World (Is to Find That Girl)" fleur bleue où le rappeur tentait de se transformer en crooner soul ; et un "Takin' Care of Business" très rock FM. Deux morceaux d’un charme désuet, pas si mauvais que cela, mais qui confirmaient clairement que Kurtis Blow était meilleur rappeur que chanteur.
Côté rap, donc, l’album se montrait plutôt convaincant. Bien sûr, "The Breaks" surnageait. Il était intouchable avec son humour bon enfant et son disco-funk qui pulsait. Mais les deux titres qui l’entouraient, ce "Way Out West" dans un même registre comique, et ce "Rappin' Blow, Pt. 2" qui était la face B de "Christmas Rappin'" (ajouté sur la réédition CD de l’album) demeurent plaisants, même s’ils avaient les traits datés de la old school : la présence de vrais instruments, et non de synthés ou de samplers ; un esprit joyeux, ludique et innocent ; un rap coulant qui suivait docilement la musique et qui épousait le beat, plutôt que de les défier.
Dans le même temps, cependant, quelques signes annonçaient le hip-hop à venir. Cette pochette tout d’abord, était un prélude à beaucoup d’autres, où de beaux rappeurs musculeux s’exposeraient torses nus. Toutes ces phrases aussi ("throw your hands in the air, and wave ’em like you just don't care!" ou "clap your hands everybody, if you got what it takes"), venues du temps où les MCs assuraient l’ambiance dans les clubs new-yorkais, seraient citées encore par les futurs rappeurs, à l'infini. Et puis, deux ans avant "The Message", il y avait même un soupçon de rap social avec cet "Hard Times", accaparé plus tard par Run-D.M.C.
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