C’est sous le parrainage de Kool G Rap que l’universitaire Paul Edwards a publié il y a quelques années How To Rap, un ouvrage qui, comme son nom l’indique, passait en revue les différentes techniques de emceeing. Ce choix ne pouvait pas être plus judicieux, car le "Kool Genius of Rap" a bien été l’un des grands rappeurs de l’histoire. Avec Rakim et quelques autres, il a marqué le Golden Age de façon indélébile, faisant accomplir des bonds prodigieux à l’art de déclamer des rimes.
Cold Chillin' :: 1990 :: acheter cet album
Le premier Kool G Rap et DJ Polo, Road to the Riches, avait été bien reçu. Le MC et son DJ attitré, cependant, ne donneraient le meilleur que sur les deux suivants, à commencer par Wanted: Dead or Alive. Celui-ci, en effet, se montrait plus riche et varié, niveau beats tout d’abord, puisqu’en plus de Polo et de l'attendu Marley Marl, fondateur de ce Juice Crew auquel appartenait Kool G Rap, deux autres figures légendaires s’étaient penchées sur la production, Eric B et Large Professor.
La touche de ce dernier était reconnaissable sur l’introductif "Streets of New York", la perle de l’album avec sa percussion lourde, ses subtiles touches de piano, son solo de saxo. Le leader de Main Source n’était sans doute pas pour rien non plus dans le tempo ralenti de certains titres, qui contrastait avec le rythme trépidant et les scratches furieux des autres, d’essence plus old school, et qui permettait de goûter encore mieux au flow du rappeur. Et pour agrémenter davantage encore le disque, on faisait même un tour au club, le temps d’un "The Polo Club" hip-house.
Côté thèmes, aussi, Kool G Rap étoffait son répertoire. Il était toujours question d'étaler sa virtuosité, sur "Play It Again, Polo", "Bad to the Bone", "Kool Is Back" et "Play it Kool". Mais le rappeur pouvait aussi donner dans le sex rap sur ce "Talk Like Sex" empreint d’une misogynie de saison, ou au contraire se faire engagé sur "Erase Racism", avec ses compères du Juice Crew, Big Daddy Kane et Biz Markie.
Aussi, avec ce disque, Kool G Rap annonçait la décennie 90. "Streets of New York" préfigurait l’ambiance sombre du rap hardcore new-yorkais. "Money in the Bank" flirtait avec le registre criminel. Et "Death Wish" traitait de mort et de violence. Quand on comparait ces titres à "Rikers Island", un vieux morceau produit par Marley Marl, et placé en fin de disque, on ne pouvait que mesurer la vitesse affolante à laquelle des pointures comme Kool G Rap faisaient alors bouger le rap.
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