E-40 est incontestablement une grande figure du rap. Une grosse portion de sa discographie vaut le détour, jusqu'à nos jours, avec la série récente des Revenue Retrievin'. Mais il n'a jamais sorti de grande œuvre, de classique incontournable. Il y aura des fans pour contredire cette assertion, bien sûr, mais la vérité est qu'à l'heure actuelle, peu d'albums rendent intégralement compte de son importance.
Sick Wid' It / Jive :: 1993 / 1994 :: acheter cet album
Rappeur emblématique et central de la Baie de San Francisco, il a connu au moins deux grands moments, au milieu des années 90, et puis 10 ans plus tard, quand l'émergence du genre hyphy lui donna une seconde jeunesse. Il a exercé une influence considérable sur les scènes du Sud, qui exploseront dans les années 2000. Et son flow caractérisé par des changements incessants de ton et de vitesse est l'un des plus reconnaissables de l'histoire du hip-hop, lui valant d'être l'un des rappeurs les plus invités sur les titres de ses pairs. Mais voillà, E-40 a été actif et pertinent si longtemps qu'on ne sait plus quel album recommander aux néophytes.
Pourquoi ne pas s'attarder, alors, sur The Mail Man, un EP du début de sa carrière et sa dernière sortie avant de rejoindre le label Jive ? Ce dernier révélait au moins un grand titre, le mémorable "Captain Save a Hoe", l'un des tubes d'E-40 (en fait un morceau de The Click, groupe familial qu'il formait avec son cousin B-Legit, son frère D-Shot et sa sœur Suga T). Inspiré par l'histoire vraie d'une femme vénale vivant au crochet des aides sociales et de ses amants, ce titre était irrésistible avec ses synthés vibrionnant et ses "I wanna be saved!!!" lascifs. A tel point que la réédition du EP sortie plus tard par Jive en proposait deux versions, l'originale, et une autre expurgée de ses basses bondissantes et des paroles les plus grossières.
"Captain Save a Hoe" était le titre qui dominait l'album, mais les autres n'étaient pas anecdotiques pour autant, avec leur son mélodique, funky, cool et synthétique, si typiquement West Coast, où alternaient épisodes festifs ("Where the Party At") et histoires de gangs, d'embrouilles et de vengeance ("Bring the Yellow Tape"). Des histoires pour de rire, comme le rappeur le précisait en intro. Car, à l'inverse de son voisin et collaborateur occasionnel 2Pac, E-40 n'a jamais vraiment cru qu'il était un gangster. Il s'est toujours voulu un entertainer, un amuseur public, s'assurant ainsi de remarquables postérité et longévité artistiques.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://www.fakeforreal.net/index.php/trackback/1760