En 1999, beaucoup d'espoirs avaient été placés sur ce premier album des Arsonists. Devenus des icônes underground après leurs singles sortis depuis 1996 sur Fondle'em et Serchlite, ils avaient profité de cette cote pour se retrouver chez Matador. L'illustre label rock indé, à l'époque, s'intéressait à l'underground rap, ayant signé par ailleurs Non Phixion. Et il offrait au quintet de Brooklyn, autrefois appelé le Bushwick Bomb Squad et apparenté au fameux Rock Steady Crew, une occasion unique d'imposer son rap incandescent au-delà de son public d'origine.
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Les Arsonists, toutefois, n'ont su qu'à moitié saisir cette chance. Certes, les singles et faces B qui avaient fait leur réputation (les prodigieux "Blaze" et "Venom", le drôle "Session", l’inquiétant "Seed") étaient bien là, irréprochables. Et des inédits, comme cette merveille de langueur qu'est "Live to Tell", comme "Worlds Collide", et les brûlots "Halloween" et "In your Town", prouvaient que Q-Unique, Swel Boogie, D-Stroy, Freestyle et Jise One avaient encore de l'énergie à revendre.
Plus que jamais, aussi, ils parvenaient à renouer avec la fantaisie et la fraicheur du style old school. Le clin d'œil au passé était même particulièrement marqué sur "Rhyme Time Travel". Simulant un voyage dans le temps, Q-Unique y rappait selon les canons en vigueur à diverses époques : rythmique discoïde et phrasé rapide pour 1979, imitation d'Eric B & Rakim pour 1988, rap minimaliste et tout en ambiance pour 1999. Tout cela était très conceptuel, certes, mais c'était excellent.
Les Arsonists, cependant, avaient les défauts de leurs qualités. Cette révérence pour le passé pouvait aussi faire d'eux, malgré leur statut de groupe phare de l'underground new-yorkais, des rappeurs trop conventionnels. Et le goût pour l'humour et la légèreté menait parfois au dispensable, comme avec la musique de cirque d'un "Pyromaniax" assez marrante la première fois, mais vite lassante...
L'album, enfin, manquait cruellement d'unité. Ses premiers titres, un "Backdraft" incisif mais convenu, suivi d'un "Shit ain't Sweet" dispensable, étaient poussifs, et par la suite, le remplissage était souvent de mise. Au final, l'ensemble ne rendait pas grâce aux singles grâce auquel le groupe avait bâti sa réputation, et il ne reflétait rien non plus de leur puissance scénique. Inégal, décousu, As the World Burns avait en fait pour principal mérite d'avoir réuni sur une seul galette les sorties, encore aujourd'hui intouchables, égrenées le long des années précédentes.
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