Si 1996 peut être considérée comme l’année de naissance de la nouvelle scène rap indé, 1997 demeure celle de ses premiers classiques. Parmi ceux-ci, le premier album des Jedi Mind Tricks, The Psycho-Social, Chemical, Biological, and Electro-Magnetic Manipulation of Human Consciousness (ouf, rien que ça !), occupe une place de choix, pas très loin d'un Funcrusher Plus, avec lequel il avait en commun une ambiance ténébreuse, des sons dérangeants et des paroles obtuses.
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Sorti uniquement en vinyle et succédant à un EP, l’album révélait un hip-hop lent, étrange, éthéré, servi par les paroles cryptiques, religieuses et sacrilèges du MC Ikon the Verbal Hologram, futur Vinnie Paz, et renforcé par la production surnaturelle de Stoupe the Enemy of Mankind. Sur le format court caractéristique du vinyle, le groupe de Philadelphie offrait 12 titres animés par un goût commun pour les ambiances étranges et oppressantes. Tout au long de cet album, Stoupe démontrait aussi ce qu'il devait au Wu-Tang Clan, évoquant un RZA sous calmant, plus atmosphérique et plus bizarre que l’original. Une sorte de rap gothique s'y faisait jour, aux paroles grandiloquentes, et aux compositions minimales à souhait.
Sur "Incantrix", sur cet "Omnicron" qui jouait à merveille du contraste entre guitare acoustique et sons bizarres, sur le morriconien "The Apostle Creed", dominait un sentiment de malaise, de même que sur ce "Chinese Water Torture", cousin du "Population Control" de Co-Flow avec ses clapotis d’eau. Aussi, les JMT usaient et abusaient-ils de voix féminines éthérées, ils les employaient sans retenue sur "Books of Blood" et sur le titre le plus saillant de The Psycho-Social..., cette "Immaculate Conception" bâtie autour d'une citation de Pharaohe Monch. Le groupe prouvait aussi que le hip-hop mélancolique n'était pas qu'une vue de l'esprit, avec le plaintif "The Winds of War" et le finale "I Who Have Nothing".
Quel que soit le jugement porté sur les Jedi Mind Tricks, notamment sur ces albums postérieurs où ils s'orienteront vers un rap de thug, The Psycho-Social... demeure un album fondamental. Il contenait en germe certains développements de la scène hip-hop indé des années suivantes. A l'occasion, par exemple, on entendra des sonorités proches chez les siphonnés d’Anticon ("Books of Blood", notamment, ressemble à s’y méprendre à du Deep Puddle Dynamics), sans qu’elles atteignent toutefois ce niveau d'emphase, sans ce côté surjoué qui est, selon les avis, soit le grand atout, soit la faiblesse majeure, du premier JMT.
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