Après avoir été à l'origine des Global Phlowtations, collectif californien culte issu de la famille Project Blowed dont Orko Eloheim et Sach (ex-The Nonce) ont fait partie, avoir produit quelques disques tout aussi méconnus qu'estimables pour un autre membre du groupe, Inoe Oner, le producteur et rappeur connu aussi sous le nom de Thavius Beck a signé quelques disques remarqués chez Mush et Big Dada, grâce auxquels il a sorti le nez de l’underground californien.
Son meilleur album, toutefois, n'est pas nécessairement sorti sur ces labels. Cette grande œuvre, c'est plutôt la première version de International Beats, une suite d'instrumentaux sans noms, composés par Adlib au fil des ans et sortis en CD-R (sa mouture finale, disponible en version numérique seulement, est un poil inférieure). Elle est la preuve la plus nette du talent de ce beatmaker clé de l'underground californien, la moins encombrée de collaborations inutiles.
Apparu peu après, cet album répare les fautes du Zwarte Achtegrond de Lab Waste. Sur ce dernier, en duo avec Subtitle, Thavius Beck donne libre cours à ses envies expérimentales, mais paradoxalement, les morceaux sont attendus, sans surprise. Tout en noirceur, ce rap de robots multiplie les effets pour faire de l’effet, le bizarre pour sonner bizarre.
Certes, International Beats est dans la même tonalité. C'est toujours bel et bien de l'Adlib, bien dark, bien poisseux et bien électronique. Mais ici, ce n'est plus seulement un "Dope Beat" par ci et un "Get The Signal" par là qui se distinguent. C'est toute la galette, qui sonne plus personnelle, plus instinctive, plus naturellement musicale. Il n’y a guère que quelques titres comme le onzième, ou bien le morceau final avec ses trop gros sabots, qui se montrent décevants.
Ailleurs, le "manipulator" en chef frise le sans faute, avec le piano lumineux du second titre, la guitare et le chant mélancolique sur fond drum’n’bass du sixième, l’électronique hallucinée du septième, le rock qui arrache de la neuvième piste et le Kraftwerk réactualisé de la douzième. Et puis il y a le tube, une superbe quatrième plage où une instru électronique imperturbable joue à cache-cache avec des choeurs gothique et une trompette tremblante mais éclatante. Brillant.
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