Pas sûr que tout le monde s'en souvienne, mais il y a longtemps, The Church a eu son heure de gloire. C'était à la fin des années 80, au temps du single "Under the Milky Way", issu de l'album Starfish. Depuis, et jusqu'à nos jours, les Australiens sont restés bon an mal an en activité, à la lisière entre la célébrité et la confidentialité, à la limite entre adult rock passe-partout et rock alternatif finement ouvragé, continuant à sortir de bons albums, quand ils parvenaient à surmonter de prévisibles problèmes de drogue, mais sans connaître encore ce succès fugace.
Mais avant ? Avant aussi, The Church avait eu une vie. Elle avait duré environ dix ans, et elle était déjà très riche. Le succès international tardait à venir, mais le groupe de Steve Kilbey était important dans son Australie natale, où il avait sorti dès le début des années 80 de très bons albums, dont leur second, The Blurred Crusade, d'où était issu "Almost With You", un succès national qui avait même marché plus fort, localement, que ne le ferait "Under the Milky Way".
Faisant suite à un Of Skins and Heart (1981) déjà très bon, The Blurred Crusade peaufinait la formule. Il n'était pas nécessairement meilleur, contrairement à ce qui a pu être dit ici ou là, mais il était incontestablement mieux produit, éloignant The Church du son encore sec et austère du premier album, au diapason de l'époque post-punk, et les rapprochant d'une musique plus luxuriante et plus typiquement eighties, caractéristique aussi de cette période où la new-wave redécouvrait le psychédélisme des années 60 et s'employait à se le concilier.
La présence des deux styles se manifestait dès les premières plages. Il y avait d'abord cet "Almost With You" où s'affirmaient les guitares carillonantes de Peter Koppes et de Martin Willson-Piper, des guitares très The Byrds promptes aux solos, ici comme ailleurs sur l'album, et flirtant parfois avec un son rock FM ("An Interlude"). Mais en contrepoint, il y avait aussi le dur et frénétique "When You Were Mine", dont l'intro n'aurait pas dépareillé chez Joy Division.
Ces titres étaient les plus saillants de The Blurred Crusade, mais ils n'en étaient pas les seuls temps forts. Avec ses synthés atmosphériques, son tempo lent, ses guitares scintillantes et Willson-Piper au chant, "Field of Mars" en était un autre, de même que cet "A Fire Burns" à l'amorce teigneuse, et l'épique "You Took". Et si le reste de l'album n'était pas toujours aussi bon, on n'y trouvait rien de faible. Dès 1982 il était déjà légitime de célébrer ces Australiens.
PS: la pochette ci-dessus est l'originale, et non celle, toute noire, de la réédition de 2010.
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