Vous savez à qui il me fait penser Thavius Beck avec son hip-hop tarabiscoté, tout en urgence et en emphase, en sons bizarres et dissonants, en beats virevoltants, et qui cherche manifestement à nous en mettre plein la vue ? Oh, n’allez pas chercher bien loin. Pour une fois, ne craignez ni les évidences, ni les comparaisons faciles. Il a beau ne rien lui devoir, il me fait penser à ce vieil El-P. Oui, tout simplement.
Mais à un El-P qui, artistiquement parlant, aurait réussi sa carrière solo plutôt que de vivre sur l’aura acquise du temps de Company Flow. Thavius Beck me fait songer à un El-P qui parviendrait à livrer davantage que des grosses bouses de hip-hop progressif. Un El-P plus léger, plus musical, et même meilleur rappeur, puisque cette fois, et même si sa voix semble parfois se noyer dans un magma sonore, il fait le choix de s’exprimer sur toute la longueur de l’album, quand il ne se fait pas carrément produire par d’autres comme son acolyte Subtitle, et même notre compatriote Debmaster.
C’est que chez lui, au moins, ça marche. Il y a de la grandiloquence chez ce Thavius Beck qui joue des machines et du sampler comme les hard rockeurs jouaient de la guitare, en grandes vagues déferlantes. Mais de la grandiloquence qui sait rimer avec éloquence sur de diablement prenants "Cracking The Shell", "Go!", "Hardcore", "Sometimes", "Pressure" et l’instrumental "4 Part 2". Le beatmaker et rappeur est assez sûr de son coup pour éviter le risque du remplissage, de multiplier les titres et les faire durer trop longtemps.
This is easily the best sounding record I've made
... aurait déclaré Thavius Beck.
Son meilleur disque, vraiment ? Nan, quand même pas.
Il y a du déchet ici, du bruit pour rien, des écrans de fumée. C’en est même épuisant, par moments. Et le bonhomme a déjà fait mieux autrefois, avec la première mouture de ses International Beats. Ou bien, il y a plus longtemps, sur les plus somptueux des titres qu’il a produits pour Inoe One.
Dialogue est un Thavius Beck moyen. Mais même un Thavius Beck moyen, ça peut parfois être du franchement supérieur. Car en cette époque où le vieux rap indé n’est plus que cendres fumantes, Adlib flambe mieux que tout autre.
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