Mark Keyboard's Repair porte la marque de sa naissance. Ce n'était à l'origine qu'une série de EPs sortis en catimini, à ses heures perdues, par le clavier des Beastie Boys, quelques petites compositions cheap et sans prétention, dans l'esprit de celles dont il avait déjà émaillé Check Your Head et Ill Comunication. Et cela s'entend. A bien des égards, cet album sonne comme une démo, comme l'ébauche de ce Push the Button plus pop et plus chiadé qui sortira trois ans plus tard.
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Sur ce premier album qui n'en était pas vraiment un, Mark Ramos-Nishita jouait donc les amateurs. Un titre seulement dépassait les deux minutes trente (en tout cas sur la version anglaise originale, la version américaine étant augmentée d'une dizaine de morceaux par ailleurs assez dispensables), et tous étaient faits de bric et de broc : vieux synthés rétro, autres instruments occasionnels en vadrouille (guitare, flûte, piano...), augmentés parfois d'un chant très timoré. Et tout cela semblait se perdre dans un no man's land musical absolu, quelque part entre le jazz, la soul, le funk, le hip-hop, le latin rock et de la musique d'ascenseur.
Des ébauches de jolies chansons ("Pretty Pain", "Got My Hand in Your Head", "Sometimes You Gotta Make It Alone", et surtout le spelndide "Cry") côtoyaient des instrumentaux groovy et ludiques, du genre qu'on composerait chez soi après avoir acheté son premier clavier Casio, comme le bondissant reggae de "No Fighting", le déglingué "Don't Miss the Boat", les petits bruits d'insectes de "Insects Are All Around Us", ou les sons de science-fiction de "Sixth Synth".
A bien y regarder, tout cela ressemblait à une transition entre les derniers Beastie Boys et les futures sorties de leur officieux quatrième membre, pas à un vrai album. Pourtant, Mark Keyboard's Repair a eu droit à son heure de gloire, il a connu le succès critique et il reste aujourd'hui plus prisé qu'un Push the Button pourtant plus accompli. L'aura de James Lavelle, qui a eu la bonne idée de transformer cette série de EPs en un seul et même disque, a sans doute compté pour beaucoup. Celle des Beasties a bien dû jouer un rôle. Cependant, ce disque là avait aussi le mérite de capturer, comme peu d'autres, l'esprit du temps, celui du cœur des années 90, où dégaine slacker, velléités crossover, ambiance easy listening, mélancolie bleue et parti-pris lo-fi étaient tous dans l'air du temps.
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