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MELODICA DEATHSHIP - Doom Your Cities, Doom Your Towns

Albums rap

MELODICA DEATHSHIP - Doom Your Cities, Doom Your Towns

Si le rap irlandais n'est pour vous qu'une vue de l'esprit, découvrez donc la version qu'en propose Melodica Deathship : un spoken word profond, une ambiance mortuaire qui sent l'air iodé de l'Atlantique, une atmosphère marine malsaine aux odeurs d'îles froides et de finistères désolés, le tout, suprêmes singularités, animé par quelques airs de mélodica et consacré au thème original de la piraterie.

MELODICA DEATHSHIP - Doom Your Cities, Doom Your Towns

Vulgar :: 2010 :: acheter ce disque

Cette entreprise originale, inventer un rap pour marins, est à mettre au crédit d'Exile Eye, un rappeur de Dublin, vieux briscard de la scène hip-hop irlandaise, secondé par d'autres musiciens locaux tout aussi inconnus au-delà de leur île (DJ Mek de Scary Éire, George Brennan de Deep Burial), mais aussi par quelques figures du metal, à savoir le chanteur de Neurosis, Steve Von Till, et le producteur James Plotkin, l'un des compères de Stephen O'Malley au sein de Khanate.

Vu le concept inhabituel et la liste des invités, on jurerait qu'Exile Eye a voulu se livrer au défi crossover du siècle. Et de fait, Doom Your Cities, Doom Your Towns, c'est un peu comme si le Jamaïcain Augustus Pablo, juste avant son décès, aurait été invité à jouer dans un festival de chants de marins, et qu'il aurait été secondé par erreur par un groupe de rap sombre à la Kill the Vultures ou à la Dälek.

La parenté avec le groupe de Newark, Exile Eye et compganie l'évoquent avec un hip-hop suffocant et rouleau-compresseur dégainé d'entrée ("Loook To The Sea"), puis à d'autres reprises ("Darknesxs Of Oblivxion", "The Abyxsmal Keeep", "Dub Thirteen"). Mais ils savent aussi emprunter leur propre voie, en mâtinant leur formule d'effets dub ("Blaxck Shjip Cxoming", "Embrace Th Chaoxs", le remix de "1803"), de passages censés souligner le thème marin, comme en introduction de l'instrumental "Maghera", ou de plages plus conceptuelles encore, comme ce "Blaxck Ship Coming Pt.2" où on entend grincer les vieux gréements.

Les titres les plus marquants de l'album, cependant, sont ceux qui laissent le plus d'espace au mélodica, comme ce "1803" où l'instrument se marie à merveille à une guitare, à une batterie très rock et au phrasé sentencieux du rappeur, ou encore ce beau "Wreck O'Th Elizabeth Dane" où le jouet de prédilection d'Exile Eye se fond dans des chœurs fantomatiques et ce qui semble être une mandoline. Ce sont là les sommets d'un album original et réussi, à propos duquel nous ne regretterons qu'un détail : qu'il n'existe à ce jour qu'en versions vinyle et digitale.

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