MCA :: 1974 :: acheter ce disque
C'était grosso modo la même formule : un manifeste de rock sudiste, un disque de hard rock baigné dans le blues et qui fleurait bon la campagne et les marécages, avec du boogie ("Don't Ask Me No Questions"), des accents stoniens, des solos de guitares et de piano, et une belle ballade mélancolique très love ("Need You").
Et si le précédent se terminait idéalement par l'épique "Free Bird", celui-ci commençait par l'autre titre le plus connu du groupe, ce "Sweet Home Alabama" qui propulsera l'album vers des sommets astronomiques, qui deviendra l'hymne du Sud américain, qui leur vaudra d'être faits plus tard colonels honoraires de la milice de l'Etat d'Alabama, et qui se voulait une réponse au portrait peu avantageux des Sudistes que Neil Young avait dressé avec son "Southern Man".
Sur ce coup là, Ronnie Van Zant gagnait par K.O. Ses paroles se montraient plus mordantes que celles du Loner. Le songwriter du groupe prouvait son habileté sur "Sweet Home Alabama", comme quand il parlait de sa difficile coexistence avec l'industrie du disque ("Workin' for MCA"), quand il s'en prenait aux ravages de l'héroïne ("The Needle and the Spoon" - tiens, à propos de Neil Young, n'avait-il pas sorti lui-même un "Needle and the Damage Done" ?) ou quand, à l'encontre de la réputation de racistes que Lynyrd Skynyrd se trainait, il rendait hommage au blues à travers la figure fictive d'un afro-américain ("The Ballad of Curtis Loew").
Les paroles étaient l'une des forces du groupe. Mais il y en avait une autre, plus évidente : leur verve rock 'n' roll, leurs riffs, leur aisance à sortir des titres qui balancent et qui roulent, le mémorable "Sweet Home Alabama" en tête, standard ancré dans notre mémoire collective, bien au-delà des seuls Etats Confédérés, avec son solo de guitare, ses chœurs féminins, ses petites touches de piano.
Mais c'est aussi cela qui pose problème avec Second Helping. Comparé à celui d'avant, cet album confirme nos préjugés envers le rock sudiste. On ne peut que se lamenter de constater qu'il est plus ludique mais moins intense que le précédent, qu'il est moins divers, et qu'il ne compte qu'un titre, "Need You", dans la lignée des déchirants "Tuesday's Gone" et "Simple Man" de Pronounced Leh-Nerd Skin-Nerd, que seul ce dernier, et à la limite "The Ballad of Curtis Loew", sortent vraiment du lot. Qu'il est donc, selon nos critères, sensiblement mois bon.
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