Il y avait un je-ne-sais-quoi d'irrésistible et d'accrocheur sur le premier album de Liléa Narrative, des tournures mélodiques qui rendaient ce hip-hop instrumental immanquablement craquant. Et si, à prime abord, ce nouvel essai brouille les pistes, si Echantillodrome s'engage davantage dans la voie de l'expérimentation et de l'inconfort, les mêmes qualités et la même accessibilité demeurent en fait.
Bax Records :: 2010 :: acheter ce disque
Le beatmaker Caennais a beau inonder ses compositions de scratches et de turntablism, ou de dialogues sortis de tel ou tel film, découper les voix au scalpel à la manière de Scott Herren ("77 Rivières", "Fother Mucker", "L'Ecole du Panda"), privilégier les percussions complexes et vrombissantes, apprécier les changements impromptus de rythmes et de mouvements (le très bon "Max Renn"), rien de tout cela ne semble jamais ni froid ni clinique. Car l'essentiel, sans doute, est dans ce petit air de ritournelle qui rend tous ses titres ou presque très séduisants.
Cela reste vrai quand Liléa Narrative donne dans le folk hop ("Chambre 216") ou dans un hip-hop plus classique, avec des rappeurs (Perseph One sur "Hill House" et "Same Change", Napoleon Maddox d’IsWhat !? sur "Transport" et "Be Kind"). Derrière ce revêtement très urbain, il y a toujours une structure proche de l'éternelle formule couplet/refrain. Son disque est rempli de ces petites orgues chaleureuses, charmantes et chantonnantes, véritables colonnes vertébrales de chaque titre, qui contribuent activement à quelques uns des meilleurs moments du disque, comme "L'Ecole du Panda", et qui font que, finalement, nous ne sommes pas tout à fait en territoire inexploré et dangereux chez l'ami Liléa Narrative.