Pour mémoire, les Swashbuckling Napoleons, c'est le projet commun de deux rappeurs injustement mésestimés (forcément, à se choisir des noms de groupe aussi abscons et improbables…), à savoir le Floridien globe-trotter Bleubird et le Canadien Thesis Sahib. Leur histoire avait commencé dès 2003, avec ce Shiver Me Timbers que beaucoup de connaisseurs auront découvert sur le mix Orchestrated B-Boys Screams des Français les Chocaholics ; une histoire qui reprend 7 ans plus tard avec la sortie de cet album, alors que plus grand monde n'attendait une suite.
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Bleubird et Thesis Sahib sont deux des MCs les plus excitants de la planète rap indé avec leurs vraies voix de cartoon, deux des plus convaincants sur scène aussi, mais ils n'ont pas toujours confirmé sur album solo. Tiens, prenons par exemple les disques récents les plus notables de nos bonshommes. Tous deux étaient bons, mais l'un, celui de Bleubird, RIP U$A, se perdait parfois dans des bavardages superflus, tandis que l'autre, celui de Thesis Sahib, Loved Ones, abrégeait au contraire trop vite une pléiade de titres qui étaient autant de tubes potentiels.
Sur cet album élégamment intitulé Fuck et produit par Edison, un beatmaker de San Francisco, la punition n'est pas loin d'être la même. Comme on était en droit de s'attendre avec ces rappeurs aussi volubiles que facétieux, et malgré des titres d'une durée généralement très raisonnable, ça part un peu dans tous les sens.
Quelque part, ce qui affecte ce Fuck, c'est un excès de trop plein déjà observé chez d'autres rappeurs indé au style très personnel, Dose One par exemple. Il y a parfois de quoi perdre son chemin avec ces changements de mouvements, avec ces flows qui passent comme si de rien n'était de lents susurrements à un débit de mitraillette, avec ces titres qui jouent d'une corde rock très couillue (le solo de guitare qui introduit "Lions at Sea"), avant de virer electronica biscornue ("Lol What the Hell") ou de donner dans des bizarreries à la Pierre Henry ("In Just Us"). Tout cela, selon l'humeur du moment, peut sembler soit truculent, soit épuisant.
De petites perles, comme toujours avec ces deux énergumènes, sont toutefois présentes, des titres increvables, du genre à faire l'unanimité, placés idéalement dans la deuxième moitié de l'album : un "About Yourself" haletant ; un "In Just Us" qui n'est rien d'autre qu'un hit parfait, présent en version originale, puis remixée dans une version très sombre par ce bon vieux Omid ; et "Napoleons Creed", un posse cut bénéficiant du renfort de 2Mex , Existereo , Neila, K-the-I???, Liferexall, Nabahe et Verble, et où l'on ne s'ennuie strictement jamais, avec cette sorte de sirène de bateau comme gimmick et son petit air folklorique en guise de refrain. Ah... Et si seulement ce Fuck n'avait été fait strictement que de cela…
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